Nouveau bras de fer entre Rabbah et les professionnels des transports. L'annonce par le ministre de l'équipement et du transport, Aziz Rabbah, de la mise en œuvre de contrats-programmes et de cahiers des charges pour règlementer le secteur des transports, suscite aujourd'hui la grogne de certaines fédérations de transporteurs qui dénoncent des décisions «unilatérales» prises par le ministère de tutelle. Réunis pour concertation mercredi à Rabat, des professionnels ont estimé que ces cahiers des charges les «excluent» de manière systématique. La rencontre a été organisée suite à l'appel de la Fédération nationale des syndicats des patrons du transport public routier au Maroc et la Fédération nationale du transport routier des voyageurs. Le ministre s'était réuni avec les représentants des professionnels lundi dernier pour débattre justement des modalités de l'application des cahiers des charges ainsi que des contrats-programmes. Ces derniers entrent dans le cadre d'une réforme des transports. Celle-ci prévoit en gros la libéralisation du transport rural, du transport du personnel, du transport touristique et du transport scolaire ainsi que des auto-écoles. Le transport des voyageurs sera, quant à lui, régi par une procédure d'appel d'offres pour plus de professionnalisme et de qualité de service. Mais certaines de ces mesures font actuellement l'objet de critiques les plus virulentes. Les contestataires disent même que les conditions contenues dans les cahiers des charges sont «irréalisables» et revendiquent l'ouverture d'un dialogue avec les responsables. «La réforme du système du transport est tributaire de l'implication de tous les intervenants en prenant en considération leurs propositions à travers un dialogue sérieux et responsable», ont exigé les intervenants à la réunion des professionnels. Mais cette position est loin de faire l'unanimité au sein du secteur. Mohamed Mitali, secrétaire général d'une Fédération du transport routier, déclare que la mise en œuvre du contrat-programme et les cahiers des charges est une nécessité. «Nous avons depuis toujours revendiqué l'élaboration d'un cahier des charges qui représente le seul moyen pour mettre de l'ordre dans le secteur et surtout stopper l'hémorragie dans nos routes», explique-t-il. Et de poursuivre: «Les cahiers des charges et le contrat-programme ont déjà été signés entre l'ancien ministre du transport Karim Ghellab, les syndicats et le patronat. Les dispositions prévues ne datent pas donc d'aujourd'hui et avaient nécessité plusieurs années de négociations». Pour sa part, Aziz Rabbah a déjà fixé la date de la mise en place des contrats-programmes et des cahiers des charges. Prévus à partir de 2013, ils devraient fixer de nouvelles conditions d'investissement dans le secteur du transport routier, dans le but notamment de rompre avec l'économie de rente. Reste maintenant à savoir jusqu'où iront les professionnels mécontents. Le spectre de grève plane en tout cas sur le secteur. La situation risquerait alors de dégénérer comme ce fut le cas lors du débat sur le code de la route en 2009 quand les grèves avaient quasiment paralysé l'économie nationale plusieurs semaines durant.