Le débat sur la régionalisation au Maroc a été relancé par le discours royal à l'occasion de la Fête du Trône. «La régionalisation avancée que Nous avons impulsée et qui a été consacrée par la nouvelle Constitution est un chantier majeur qui doit être mené avec mesure et discernement, si l'on veut que sa mise en œuvre se traduise par un changement substantiel et graduel, dans l'organisation des structures de l'Etat, et l'articulation des rapports entre le centre et les collectivités territoriales», a affirmé Sa Majesté dans son discours. Ce chantier ambitieux lancé par le Maroc est aujourd'hui considéré comme l'une des principales priorités. En effet, les prochaines élections communales et régionales ainsi que les élections de la deuxième Chambre parlementaire sont tributaires de la concrétisation de ce projet. Le projet est actuellement entre les mains du gouvernement qui aura la délicate mission d'élaborer une loi consensuelle. Le temps presse déjà et les partis politiques notamment ceux de l'opposition commencent à s'impatienter. Mais si la loi organique sur la régionalisation n'a pas encore été présentée, le Royaume dispose déjà de sa propre conception de la régionalisation, fruit du travail de la Commission consultative sur la régionalisation (CCR). Installée en janvier 2010, la commission présidée par Omar Azziman, devenu depuis conseiller royal, a remis quelques mois après son rapport. Alors que le travail de la commission s'est arrêté avec la publication de son rapport, le débat sur ce même rapport qui a accordé de larges prérogatives aux instances élues au niveau régional se poursuit toujours. La commission avait, en effet, recommandé un nouveau découpage territorial de 12 régions contre 16 actuellement. Mais il semble que les partis politiques à la majorité comme à l'opposition ne sont pas tout à fait d'accord avec ce nouveau découpage. Ce qui explique probablement le retard du gouvernement actuel à soumettre au Parlement la loi organique. Le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane a, pour sa part, brouillé les pistes lors de ses dernières sorties médiatiques concernant le futur découpage. Il a affirmé qu'il ne savait pas encore si le gouvernement retiendrait dans son projet de loi les 12 régions proposées par la Commission consultative ou bien si l'Exécutif proposerait plus ou moins de régions. Les partis de la majorité gouvernementale adopteront-ils une vision commune sur ce point? Abdelkader Tatou, membre du bureau politique du Mouvement populaire et président du conseil préfectoral de la ville de Rabat, affirme que la majorité n'a pas encore une réflexion commune sur ce point, rappelant que son parti a déjà organisé une journée d'étude sur la régionalisation. «Nous avons invité des experts français et espagnols pour exposer l'expérience de leurs pays respectifs sur ce domaine. Nous avons également discuté des propositions de la Commission consultative de la régionalisation sur lesquelles nous avons des remarques», affirme-t-il. Et de poursuivre : «Notre principale remarque concerne le découpage proposé. Il ne s'agit pas pour nous de changer le nombre des régions pour avoir plus ou moins de 12 régions. Nous demandons plutôt de revoir la répartition des provinces dans certaines régions». Même son de cloche chez les forces de l'opposition, notamment à la Chambre des conseillers. «Le rapport a été remis en question par plusieurs formations politiques. On peut même parler aujourd'hui d'une unanimité de tous les acteurs à revoir le découpage proposé par la Commission consultative», déclare Abdelmalek Aferiat, conseiller à la deuxième Chambre. Et de conclure : «Je pense que le débat sera renouvelé pour trouver un consensus».