Les prisons de Hafid Benhachem font encore une fois parler d'elles. C'est un rapport présenté, mardi dernier, par la Commission parlementaire de justice, de législation et des droits de l'Homme qui vient réorienter les projecteurs sur des conditions de détention des plus choquantes au sein de cette maison d'arrêt. Des photos et des témoignages à l'appui, la commission parlementaire a dénoncé les pratiques indécentes au sein du complexe de Oukacha. D'après le rapport présenté, favoritisme, drogue, corruption et dépravations sexuelles seraient monnaie courante dans cette prison gérée par la délégation générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion dirigée par Hafid Benhachem qui, notons-le, relève des services du chef de gouvernement. La surpopulation carcérale que connaît le complexe pénitentiaire de Oukacha a été fortement dénoncée. Selon le rapporteur de cette enquête, ils seraient plus de 30 détenus à vivre dans une cellule de 8 lits et dont la surface ne dépasse pas les 6 m2 ! Témoignant de leur calvaire, les prisonniers disent «dormir sous les lits, par terre et même sur les étagères». Il faut dire que cette situation n'est pas exclusive à la prison de Oukacha. Alors que, toutes confondues, les maisons d'arrêt au Maroc ont une capacité d'accueil qui ne dépasse pas les 40.000 prisonniers, le nombre de ces derniers s'élève, selon les derniers chiffres, à 80.000. Soit un taux de surpopulation de 100%. Ceci reviendrait, selon le même rapport, au grand nombre des détenus provisoires qui, vu la lenteur bureaucratique du traitement de leurs dossiers, constituent 80% des prisonniers. Ce ne serait pas tout, l'enquête en question a révélé des faits qui n'ont pas manqué de choquer et de susciter un tollé de critiques. Tel présenté devant les parlementaires, ce rapport dévoile que l'absence de tout espace privé et de tout accompagnement religieux ou éthique a cédé la place à des cas d'abus et de dépravations sexuels. Selon cette commission, il y aurait toute une aile (n°6) réservée pour les homosexuels isolés pour avoir commis des «crimes immoraux» dans les autres ailes. Quant aux abus sexuels, ils seraient fortement répandus et cela reviendrait principalement à la surpopulation carcérale et au fait que l'on ne prenne pas en considération l'âge et l'ampleur du délit des détenus regroupés dans la même cellule. La commission a relevé l'absence d'enquêtes en cas de décès douteux et a recommandé ainsi au ministère de Mustapha Ramid la création d'instance indépendante pour traiter de la chose. Ceci non sans dénoncer les pratiques de favoritisme. Selon les témoignages, «tout est permis pour celui qui paie plus» et il existerait même une aile surnommée «Abu Dhabi». Aussi, si l'aile numéro 6 est réservée aux homosexuels, la numéro 7 l'est pour les grands consommateurs de drogues. Pour ces VIP, on revend ces drogues à double prix et des fois même plus. On met à leur disposition plus de 1000 téléphones mobiles et ils ont droit à environ 4 heures de communication par jour. Le tout profiterait, selon le même rapport, en grande partie, au directeur de la prison qui perçoit, de façon hebdomadaire, des royalties.