Le congrès de l'Istiqlal a pris une étrange tournure. Le sprint final vers le poste de secrétaire général du parti de la balance s'est transformé en marathon. Alors qu'elle battait son plein et que les candidats exhibaient leur force, la course entre les deux principaux candidats, Hamid Chabat, secrétaire général de l'UGTM, et Abdelouahed El Fassi, membre du bureau exécutif, a été soudainement interrompue. La décision a été prise, explique-t-on auprès du parti, à l'issue d'une réunion du comité exécutif qui a duré jusqu'à 1h du matin. Elle est tombée comme un couperet : l'élection du secrétaire général a été reportée à une date ultérieure. Elle aura probablement dans deux semaines ou peut-être après le mois de Ramadan, a précisé Rachid Afilal, membre du comité exécutif de l'Istiqlal. Le comité exécutif du parti a pris cette décision à l'unanimité avant de la soumettre au vote des congressistes qui ont fini par l'approuver. Comment expliquer cette fin inattendue en queue de poisson? «L'élection du secrétaire général concerne l'avenir du parti et celui du pays et elle a été reportée pour sauvegarder l'unité des rangs», a expliqué à ALM Rachid Afilal. Et d'ajouter : «Une telle élection mérite qu'on lui consacre le temps nécessaire pour qu'elle se déroule dans un climat démocratique, dénué de tension». Mais cela ne suffit pas pour expliquer le report. Pour certains connaisseurs du parti, c'est, en fait, la première fois que les istiqlaliens étaient appelés à élire leur secrétaire général sans qu'il n'y ait un consensus préalable sur un prétendant. En effet, le congrès mettait aux prises deux candidats qui avaient tous deux leurs chances, en l'occurrence Abdelouahed El Fassi et Hamid Chabat. Une élection à l'issue incertaine à laquelle n'étaient pas habitués les militants du parti. Et pour compliquer davantage la situation, voilà qu'en pleins travaux, un troisième candidat décide sans crier gare de se joindre à la mêlée. L'invité de dernière minute n'est autre que le chef du groupe parlementaire de l'Istiqlal, Noureddine Moudiane, qui a annoncé sa candidature, samedi 30 juin, lors d'une réunion du comité exécutif. Mais il faut le noter, cette candidature au dernier moment s'explique aussi par le retrait soudain du congrès de Mohamed El Ouafa, un autre prétendant. Motif d'un tel retrait? Le candidat au poste de secrétaire doit être absolument membre du comité exécutif élu lors du 15ème congrès, conformément aux documents adoptés samedi lors des travaux du 16ème congrès. Chose qui a suscité la colère de M. El Ouafa qui ne répond pas à ce critère, n'étant pas membre du comité exécutif. «Il est normal qu'un candidat se retire quand il n'a pas le droit d'être élu», a commenté un membre du parti. Dans la nuit du samedi au dimanche, peu après minuit, le congrès suivait son cours normal. Les candidats, eux, étaient en tractations chacun tentant de rassembler les voix. Des congressistes indiquent même que Hamid Chabat jouait déjà à la parade du vainqueur en se faisant porter par ses supporters. Certains y voyaient les prémices d'une victoire presque certaine du patron de l'UGTM et maire de Fès. «Si les élections avaient eu lieu, Chabat aurait certainement gagné», confie un congressiste. Mais les élections n'auront pas lieu ce soir-là et les candidats devront encore patienter. Il semble que les Istiqlaliens préfèrent le consensus à la confrontation. Il fallait donc trouver un accord. Et selon les mêmes sources, c'était l'objectif de la réunion du comité exécutif qui a duré jusqu'à une heure tardive de la nuit et où ont été proposés plusieurs scénarios. La première proposition consistait en le retrait de la candidature de Chabat et celle d'Abdelouahed El Fassi, et la présentation d'un troisième candidat autour duquel il y aurait l'unanimité au sein du comité exécutif. Puis ont été proposés les noms de technocrates comme Nizar Baraka, Karim Ghellab et Taoufiq Hejira, sauf que le consensus tant souhaité n'a pas encore une fois été au rendez-vous autour de ces noms. Chose qui a poussé Rachid Afilal, membre du bureau exécutif, à monter au créneau et se porter candidat lui aussi. Devant de tels rebondissements, les instances du parti ont préféré temporiser en reportant l'élection du secrétaire général de l'Istiqlal, le temps de trouver un candidat consensuel. Rappelons que le statut du parti prévoit après la fin des travaux du congrès une session du conseil national, parlement du parti, au cours de laquelle doit être élu le SG ainsi que les membres du comité exécutif.