Coca Cola Maroc livre-t-elle une guerre commerciale à Pepsi après son retour récent sur le marché marocain ? C'est ce que soutiennent certains distributeurs à Fès qui affirment que la Cobomi, dirigée par un cadre détaché de Coca-Cola Afrique, fait tout pour empêcher la progression de Pepsi. Faux, rétorquent les dirigeants de Cobomi qui expliquent que les Nouveaux établissements Dehry ont monté cette affaire de toutes pièces dans le cadre d'une surenchère commerciale aux objectifs inavoués. Les deux entreprises sont en procès devant la justice. Enquête. La distribution des boissons gazeuses connaît une refonte globale. Depuis le retour de Pepsi au Maroc, la loi du plus fort prime. La guerre des marques livrée par Coca-Cola, Pepsi ou encore Cobomi a ses dommages collatéraux. Ils ne sont autres que l'ensemble du personnel ayant œuvré à la mise en place de nouveaux produits qui se trouvent, le plus souvent, lésé et risquent de perdre leurs emplois suite à une guerre qui ne le concerne pas. C'est malheureusement le cas aujourd'hui. Les Nouveaux Etablissements Derhy & Consorts à Fès, distributeur de plusieurs marques de soda, par la voix de son gérant Gad Derhy est en procès avec la Cobomi, acteur majeur de la distribution des boissons gazeuses au Maroc. Depuis la réintroduction de Pepsi au Maroc, l'objectif était de dissuader le plus grand nombre de distributeurs de prendre en charge la nouvelle cette marque, sous peine de rupture d'approvisionnement en produits Tops et autres marques. C'est ainsi que dès le mois de juin, les distributeurs d'El Jadida, de Rabat, de Nador, entre autres ont vu leur approvisionnement arrêté par la Cobomi. « Les manœuvres mises en place depuis fin mai 2003 par la Cobomi, inspirée en cela par Coca-Cola, avaient pour but d'empêcher la pénétration de Pepsi sur le territoire marocain », estime Gad Derhy. Ce dernier considère que les distributeurs de Tops, marque-phare de Cobomi, veulent perturber la mise en place de Pepsi prévue. Désormais, un choix est à faire. La commercialisation des produits ne peut plus se faire de manière autonome pour chacune des marques sans interaction négative entre elles. Il va même jusqu'à dire que la Cobomi lui a proposé, par écrit, de ne pas commercialiser les produits Pepsi, quitte à perdre les eaux Sidi Ali et Oulmes, contre intéressements financiers. Après le refus de « l'arrangement », arguant son indépendance , la même proposition fut faite au distributeur de Berkane, qui l'accepta pour sa part . « Faux » rétorque Armand Courson, directeur général de la Cobomi, « Les Nouveaux Etablissements Derhy & Consorts, avec qui nous sommes en litige au sujet d'un montant dû de 3 millions de DH, nous ont laissé tomber au profit de Pepsi. D'ailleurs, les nouveaux investissements consentis, essentiellement en camions, ont été mis à profit de la nouvelle marque ». Profitant de la période de forte consommation lors de l'Aïd Al Adha, précise M. Courson, les « gens de Pepsi » ont mis les petits distributeurs devant un choix à faire. Au contraire, déclare Gad Derhy, dès qu'il a notifié son refus, aucun contact direct n'a eu lieu entre les commerciaux de Cobomi contrairement à l'usage établi de contacts multiples journaliers. Pis, la première occasion fut trouvée dès les premiers jours de remettre en place le « chantage » et l'exigence d'arrêter de commercialiser les produits Pepsi. Il s'agissait d'abord d'user de la demande d'apurement de ses encours vis-à-vis de la société. Le refus de ventes a même été constaté devant huissier après avoir reçu des courriers de sommation d'arrêt de toute vente de produits Pepsi. Sur le terrain, divers mouvements sont été observés en 2003 dans la distribution de boissons gazeuses au niveau des nouvelles marques mises en place, telles Pepsi ou la reprise du groupe Castel des Brasseries du Maroc. Ce dernier s'est d'ailleurs, conformément aux closes de cessions à Coca-Cola, retiré de l'activité boissons gazeuses. Reste à élucider « le mystère » Cobomi, son bras armé au Maroc qui lui permis de grignoter des parts de marchés conséquentes du temps où il était concurrent aux Brasseries. Par ailleurs, la société Cobomi serait encore sur le point de changer de main. Des réunions ayant actuellement lieu en vue de la passation sous le contrôle direct de la société espagnole déjà propriétaire des usines de Fès, Marrakech, Casablanca et Salé. Armand Courson confirme qu'effectivement la Cobomi est à la recherche d'un investisseur potentiel. Actuellement la société appartient à un groupe étranger. Par ailleurs, il confirme qu'il est « DG détaché de Coca Cola Afrique à la Cobomi » (…) De ce fait, il devient compréhensible, renchérit Gad Derhy, qu'en plus, l'intérêt est évident de se débarrasser des petits distributeurs pour pouvoir ensuite distribuer directement les produits Tops dans leurs propres réseaux, alors qu'en face, un nouveau positionnement pour cette marque est recherché. En attendant l'aboutissement de l'action intentée en justice, l'espoir de voir le conseil de la concurrence sortir de sa léthargie est nourri. Charge à lui, s'il était opérationnel, de trancher dans pareils dossiers !