Le bilan des morts en Irak s'alourdit de plus en plus. Les attaques se multiplient et la cible n'est autre que les forces de sécurité et la police. Mais qui leur en veut ? Samedi a été un jour néfaste pour les policiers de Falloudja, située dans le «triangle sunnit» à 50 km à l'ouest de Bagdad. Falloudja est désignée comme étant l'un des bastions de la résistance irakienne aux troupes d'occupation américaine. En effet, lors d'une attaque coordonnée de la guérilla irakienne, vingt-sept personnes, parmi elles 23 policiers et quatre assaillants, ont été tuées et une trentaine de blessées. Il s'agit de la troisième attaque qui a été menée cette semaine alourdissant ainsi le nombre des morts qui compte désormais 600 membres des forces de la sécurité ou de la police irakienne tués depuis avril dernier. En effet, la guérilla vise les forces de sécurité et la police mises en place par la coalition. Mais, l'attaque meurtrière a aussi fait des heureux puisque cinquante prisonniers ont pu s'échapper. Il s'agissait de «détenus de droit commun impliqués dans divers délits car le rôle de la police n'est pas d'arrêter les résistants et ceux qui mènent des actions de ce type. C'est le travail des Américains», a déclaré un officier de police. Le nombre des guérilleros estimé à 70 environ, dépassait celui des policiers qui se trouvaient sur place. L'affrontement entre les agresseurs et les policiers a été suivi par un raid contre un bâtiment administratif. Les assaillants se déplaçaient en pick-up et l'artillerie utilisée se constituait de mitrailleuses légères, de bombes et des obus de mortiers. «Leurs armes étaient plus puissantes que nos kalachnikovs», a estimé un policier. Les soupçons concernant l'identité des agresseurs fusent de toutes parts. Les uns déclarent sous anonymat que les Libanais et les Koweïtiens figuraient parmi les assaillants alors que le Koweït recevait samedi et dimanche ses voisins dans un forum qui voit pour la première fois la participation de l'Irak. Les autres, notamment les Etats-Unis, qui cherchent à justifier la guerre contre l'Irak après le scandale des ADM, voient planer l'ombre d'Oussama Ben Laden. En effet, ils soupçonnent le réseau islamiste d'Al Qaïda de vouloir perturber le transfert de souveraineté aux Irakiens. Par ailleurs, la réunion au Koweït qui regroupe les ministres des Affaires étrangères syrien, saoudien, iranien, égyptien, turc, jordanien, koweïtien et irakien, est axée sur la situation en Irak et ses conséquences sur la sécurité régionale. Deux jours de débat «qui permettront à l'Irak d'évoquer ses sujets d'inquiétude et aux voisins d'expliquer les leurs», a affirmé un haut responsable arabe. «Les pays arabes doivent prendre des initiatives vis-à-vis de l'Irak car l'aide à ce pays en cette période permettra de mettre fin à l'occupation plus rapidement», a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne Marwan Moasher en ajoutant « si les pays arabes ne prenaient pas les devants pour aider l'Irak et maintenaient une position hésitante vis-à-vis de ce pays, cela ne ferait que prolonger l'occupation». Les malentendus qui existent entre certains voisins de l'Irak et les autorités de Bagdad doivent être dissipés afin que les pays arabes puissent «montrer clairement à l'Irak qu'ils sont prêts à l'aider par tous les moyens» a estimé le ministre jordanien. En fait «la réunion de Koweït offrira à ces pays l'occasion de parler franchement et clairement dans un esprit de fraternité», a-t-il dit. La réunion de Koweït est la cinquième du genre après celle d'Istanbul (janvier 2003), de Riyad (avril 2003), de Téhéran (mai 2003) et de Damas (novembre 2003). Lors de la réunion à Damas, les sept pays (Syrie, Jordanie, Egypte, Turquie, Iran, Koweït et Arabie Saoudite) réunis en l'absence de représentant irakien, avaient insisté sur la nécessité pour l'Onu de "renforcer son rôle vital en Irak". Ils ont notamment appelé l'ONU à superviser la rédaction d'une nouvelle Constitution, la préparation d'élections générales et en fixant un calendrier pour la "fin de l'occupation". Des experts onusiens sont présents en Irak afin d'étudier la faisabilité d'élections directes immédiates en Irak réclamées par les chiites. L'équipe constituée de neufs experts, est conduite par Lakhdar Brahimi, conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan. Par ailleurs, le Prince Charles, fils de la Reine Elisabeth d'Angleterre, a effectué une visite de quelques heures en Irak afin d'inspecter les troupes britanniques et de rencontrer les responsables locaux et les dirigeants de la coalition.