Ministre du Tourisme, Adil Douiri fait dans cet entretien le point sur les grands enjeux du secteur à l'occasion des Assises du tourisme de Casablanca. ALM : Quelles sont vos attentes en tant que ministre de tutelle des 4èmes Assises du tourisme qui se tiennent à Casablanca du 12 au 13 février ? Adil Douiri : Les Assises du tourisme national représentent un événement annuel destiné à mobiliser les acteurs étrangers, Tours operators, hôteliers et développeurs aménageurs, autour du produit Maroc. Il s'agit pour nous de faire en sorte que l'action de ces différents intervenants soit en adéquation avec les efforts du pays pour développer ce secteur vital pour notre économie. Ces assises sont aussi une opportunité importante pour les opérateurs nationaux, professionnels et administration, d'être sur la même longueur d'onde et pour travailler dans la même direction. Chaque année, nous faisons à cette occasion, à travers un talk-show, le bilan du tourisme national en mesurant le chemin parcouru et celui qui reste à faire. Depuis quelque temps, l'aérien se trouve au centre du développement du tourisme marocain. L'augmentation des flux touristiques dépend-elle de la libéralisation du ciel ? À l'occasion des Assises du tourisme, mon collègue du Transport Karim Ghellab envisage de proposer un nouveau mécanisme destiné à promouvoir le “point à point“. Le modèle aérien national est axé sur le hub de Casablanca. Ce hub est le meilleur moyen pour la RAM de développer son activité et elle a raison de vouloir le consolider. Mais il ne l'est certainement pas pour “le point à point“ et à bas coût qui est bon pour la promotion du tourisme national. Dans ce cadre, nous avons déjà lancé des lignes aériennes comme Paris-Marrakech, Paris-Fès, Madrid-Marrakech. D'autres liaisons sont programmées, elles relieront bientôt Bruxelles aux villes d'Agadir et Marrakech et Madrid à Fès et Agadir. Le développement du “point à point“, qui est une politique du gouvernement, constitue une manière appropriée d'anticiper sur la libéralisation aérienne dans la perspective de la vision 2010. Le charter est-il viable au Maroc compte tenu de la faillite récente de deux compagnies aériennes nationales ? J'espère que de nouveaux acteurs viennent sur le marché de l'aérien pour s'inscrire dans la stratégie touristique du pays et pouvoir être compétitifs par rapport aux transporteurs européens. 10 millions de touristes à l'horizon 2010, est-ce à votre avis un pari réalisable ? La capacité hôtelière du Maroc tourne actuellement autour de 120.000 lits. Le jour où on atteindra 230.000 lits, le Maroc accueillera 10 millions de touristes. Il ne suffit pas de construire des lits supplémentaires. Encore faut-il les remplir… Évidemment. Mais un investisseur est censé ne se lancer dans la construction d'un hôtel que s'il pense à l'avance que son investissement répond à une demande réelle. Cela dit, le Maroc, qui améliore chaque année sa capacité d'hébergement, compte énormément sur les nouvelles stations balnéaires prévues dans le plan Azur pour accélérer la cadence. Un maillon important de ce plan Azur semble être défaillant. Il s'agit du projet Taghazout confié au groupe saoudien Dallah Al Baraka. Ce groupe a-t-il été dessaisi de ce dossier ? D'abord, je tiens à préciser que l'État marocain a signé la convention d'aménagement de la station de Taghazout non pas avec Dallah Al Baraka mais avec la société Palais des Roses International (PRI). Effectivement, le dernier délai pour le démarrage des travaux a expiré le 31 juillet 2003. Les pouvoirs publics marocains ont adressé le 19 janvier 2004 à PRI une lettre de rappel de ses engagements. Cette entreprise a un deadline de 30 jours à partir de la réception de ce courrier pour commencer le chantier. Ce délai est prévu dans la convention signée entre les deux parties. Il se trouve que la société Palais des Roses International est au centre d'un scandale financier lié à un hôtel du même nom à Agadir dont les fournisseurs n'ont pas été payés jusqu'à ce jour… J'ai rencontré récemment le promoteur de cet établissement, Dr Azeddine Lakhouaja, qui m'a assuré être à la recherche d'une solution financière pour restructurer le passif de son hôtel. Le tourisme national est-il sur la bonne voie ? Je suis optimiste, nous sommes sur la bonne voie. L'essentiel est de mobiliser tout le pays en lui montrant un cap fort.