À l'approche des 4ème assises du Tourisme qui auront lieu les 12 et 13 février à Casablanca, le projet d'une subvention annuelle de 10 millions de Dhs, destiné à stimuler les flux touristiques en direction du Royaume, divise les professionnels du secteur. Explications. Un conflit oppose les professionnels du tourisme et le département de tutelle sur le principe d'une subvention censée donner un coup de fouet aux flux touristiques en direction du Maroc. Appuyé par son collègue du Transport Karim Ghallab, le ministre du Tourisme Adil Douiri projette de mettre à contribution l'ONMT (Office national du tourisme marocain) et l'ONDA (Office national des aéroports) à hauteur de 50 millions de Dhs chacun pour soutenir de nouvelles dessertes aériennes directes entre les villes à vocation touristique du Royaume (Tanger, Agadir, Marrakech, Fès) et certaines villes européennes émettrices de touristes. L'idée des deux benjamins du gouvernement est de contourner le hub de Casablanca qui devient de plus en plus un goulot d'étrangement pénalisant l'activité touristique au lieu de la stimuler. Mais aussi et surtout d'encourager les compagnies régulières concernées y compris le transporteur national de telle sorte que le Maroc accueille plus de touristes qu'il n'en reçoit actuellement. La majorité des opérateurs du secteur trouvent l'initiative louable à condition que le budget communication de l'ONMT reste en dehors de cette opération. En d'autres termes, ils refusent que celle-ci soit financée ne serait-ce que partiellement sur le budget communication de l'office qu'ils considèrent déjà maigre ( 350 millions de Dhs). Sur le budget de 2004, sera déduite en plus la bagatelle de 40 millions de Dhs qui a servi à lancer la campagne de promotion exceptionnelle pour éviter l'effondrement de la destination Maroc suite aux attentats du 16 mai 2003. Les opérateurs, qui n'ont pas du tout apprécié que cet effort financier exceptionnel consenti pour faire face à une situation non moins exceptionnelle soit supporté totalement par les deniers de l'office, voient d'un mauvais œil le fait de devoir le solliciter de nouveau pour subventionner des compagnies aériennes étrangères. Les intéressés proposent que cette dotation annuelle soit supportée dans sa totalité (10 millions de Dhs) par l'Office des aéroports. Argument avancé : les vols européens réguliers supplémentaires profiteront aux caisses de l'ONDA qui récoltera à ce titre plus de taxes aéroportuaires sur chaque billet d'avion supplémentaire. Certains hôteliers ne l'entendent pas de cette oreille, qui désapprouvent totalement le fait que les pouvoirs publics aient décidé de donner directement de l'argent aux compagnies aériennes. Pour eux, il ne suffit pas de mettre ainsi la main à la poche pour remplir automatiquement les avions de touristes désireux de visiter le Maroc. “ Le tourisme ne se décrète pas, explique le directeur d'un hôtel. Encore faut-il que le pays soit attrayant pour les touristes potentiels. Les opérations de promotion et d'intéressement sonnantes et trébuchantes des TO et des transporteurs étrangers en changeront rien si le produit Maroc ne répond pas aux attentes des clients en termes d'offre et de prix “. Affaire donc d'imagination et de compétitivité. Cette polémique éclatera à coup sûr à l'occasion des assises qui se dérouleront en février à Casablanca pour faire le point sur l'état d'avancement du défi de 10 millions de touristes à l'horizon 2010. Une autre piste qui n'est évoquée par personne, existe. Elle concerne la taxe de séjour payée par chaque touriste marocain ou étranger au titre de son séjour dans un hôtel au Maroc. L'impôt en question va depuis toujours aux collectivités locales alors qu'elles ne participent nullement au développement du tourisme national. Rien que pour la ville d'Agadir, le montant annuel global de cette taxe avoisine les 20 millions de DH.