Forum mondial de l'Alliance des civilisations : Bourita s'entretient avec son homologue portugais    Maroc-Espagne : La coopération sécuritaire "déterminante" dans le démantèlement d'une cellule terroriste    «Faire écho à la voix de l'Afrique : Les plus grandes citations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI»    Akhannouch reçoit le Premier ministre de la République Démocratique du Congo    Société Générale : Un PNB de 4,31 MMDH à fin septembre, en hausse de 4,36%    Cryptomonnaies : Un projet de loi est dans le circuit d'adoption    Renforcer l'agriculture résiliente aux aléas climatique    Autoroutes : Démarrage des travaux de transformation des nœuds de Ain Harrouda et de Sidi Maarouf    Le Maroc se positionne comme leader des industries de nouvelle génération    Après le représentant permanent d'Israël aux Nations unies, Eric Zemmour pulvérise l'Algérie : «Le Maroc incarne ce que ce pays, terre à coloniser depuis toujours, n'est pas : un véritable royaume avec une histoire»    CPI : Un rescapé de l'holocauste «antisémite» ?    Etats-Unis ; Trump veut imposer des droits de douane à la Chine, au Canada et au Mexique    En attendant un cessez-le-feu : Le Hezbollah cible des bases israéliennes au Golan occupé    SM le Roi adresse un message au président du Comité des Nations unies pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien    Casablanca : l'ancien président du Raja, Mohamed Aouzal, placé en détention pour abus de confiance    Lancement de la campagne de sensibilisation autour de la « Loi 103-13 pour ? »    Le ministre de l'Intérieur présente les mesures proactives contre la vague de froid    Saisie d'animaux sauvages et de reptiles destinés à la vente illégale à Nador et à Marrakech    Sept artistes-photographes explorent l'identité féminine marocaine    Dérive Casablancaise : L'art prend le large    Le Chef du gouvernement s'entretient avec le Premier ministre de la République Démocratique du Congo    Diagnostic génétique : Biolan introduit l'IA au Maroc    Festival international du Fayoum : deux films marocains en lice    Le temps qu'il fera ce mardi 26 novembre    L'Intérieur alloue près de 2 MMDH à la valorisation des déchets ménagers    La famille royale en balade dans les rues de Paris    L'Algérie, une haine maladive qui s'est affranchie de tout    Raja : L'Algérien Yousri Bouzok a refusé de jouer avec le maillot floqué de la carte du Maroc    Moroccan Saad Abid wins Social Impact Award at 2024 Global Entrepreneurship Festival    Partenariats de l'UA : Le Maroc veut éviter les polémiques politiques inutiles    ONU : Omar Hilale élu président de la 6è Conférence sur le désarmement au Moyen-Orient    Les risques liés à l'utilisation des cryptomonnaies par les influenceurs    À Tokyo, Karim Zidane défend le Maroc en tant que destination sûre des investissements    En visite privée à Paris, le souverain chérifien affiche une allure épanouie qui vient couronner les succès diplomatiques du Maroc    Marrakech : un Franco-Algérien réclamé par Interpol arrêté    Le parquet antiterroriste algérien soupçonne Boualem Sansal d'être «un agent d'influence» au service du Maroc    Zagora : L'aide financière dédiée à la reconstruction des logements touchés par les inondations arrive    Le ministère de l'Économie et des finances publie le Budget citoyen du PLF 2025    La police espagnole loue la coopération sécuritaire avec le Maroc    Le Roi Mohammed VI, le Prince Moulay El Hassan et la Princesse Lalla Khadija à Paris    RCA-FAR: Le maillot officiel des Verts étant floqué de la carte du Maroc, l'Algérien Yousri refuse de jouer avec !    Dopage. 6 ans de suspension pour l'athlète Kényane Anyango    LDC. RCA-AS FAR: L'Algérien Yousri, manquera-t-il le match à cause de la carte du Maroc ?    Ligue des Champions UEFA /J5 : Bayern - PSG, la grande affiche de ce soir !    Ahmed Spins, le fils Akhannouch sur la scène de Coachella 2025 en Californie    Festival du Cinéma des peuples : "Gray Days" d'Abir Fathouni remporte le Grand Prix    Interview avec Asma Graimiche : « Il est nécessaire d›intégrer la critique de cinéma aux programmes universitaires »    Taznakht : Clôture en beauté pour le Festival du tapis d'Aït Ouaouzguit    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Moncef Kettani : «La TPE a besoin d'un porte-parole au sein du gouverne-ment pour la défendre»
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 15 - 06 - 2012

L'Etat n'ayant pas protégé cette population de petits entrepreneurs, on a vu émerger le désordre total, en l'occurrence la prolifération des marchands ambulants et du phénomène des «ferracha».
ALM : Quel diagnostic faites-vous de la TPE marocaine?
Moncef Kettani : La TPE marocaine est à l'agonie. Les causes sont multiples. Citons, de prime abord, la marginalisation qui dure depuis l'indépendance et qui résulte de plusieurs éléments structurels et politiques. La TPE souffre également de la négligence de sa capacité à créer de la richesse et de l'emploi. Nous observons une méconnaissance totale de ce tissu économique. On a toujours considéré que la TPE n'a pas besoin de structure de veille. Par ailleurs, aucun programme cohérent n'est établi pour tirer la TPE vers le haut. Ce secteur va vers la dérive. Nous comptons aujourd'hui près de 3 millions d'unités de production hors secteur agricole, dont 1.400.000 artisans et 900.000 commerçants.
Identifiez-nous les besoins des opérateurs de ce secteur...
Ces gens sont dans la précarité. Ils ont essentiellement besoin de couverture sociale, d'assurance maladie et de caisse de retraite. Les opérateurs de TPE n'ont ni de garantie sur leurs outils de production ni de sécurité pour leur vie de tous les jours. Ils sont totalement coupés de la réalité économique telle qu'on la définit de «secteur formel». En effet, la TPE est actuellement dans l'informel. Ses acteurs vivent en marge de la société et subissent toutes les pressions de ceux qui essayent de profiter de la faiblesse de ce tissu. Ce sont des gens malmenés qui vivent en stress permanent et n'ont d'autres ressources pécuniaires que leurs activités.
Qu'est-ce qui résulte de cette situation?
L'anarchie totale. L'Etat n'ayant pas protégé cette population de petits entrepreneurs, on a vu émerger le désordre total, en l'occurrence la prolifération des marchands ambulants et du phénomène des «ferracha». Ce phénomène a commencé à s'amplifier faute de politique nationale en matière d'accompagnement de la TPE.
Qu'en est-il de la compétitivité?
La concurrence déloyale tue ce secteur. À titre d'exemple, certaines pratiques artisanales sont en voie de disparition. Des produits issus de l'Asie, à des prix défiant toute concurrence, sont désormais importés par des commerçants qui sans respect mettent fin à un patrimoine de plusieurs siècles et sans que personne en parle. Le commerce souffre également, notamment à travers la présence de monopoles puissants. Ce qui désole le plus c'est qu'aucune politique sérieuse n'est mise en place pour arrêter cette hémorragie.
Quels sont, dans ce sens, les défis à relever?
Notre grande bataille est de faire entendre notre voix aux décideurs. Nous lançons un appel à la conscience politique afin de mettre le point sur le danger auquel est exposée la TPE. Le challenge est de mettre en place une politique qui nécessite une structure d'accompagnement, un fonds étatique de mise à niveau de la TPE et même un département ministériel dédié à la TPE à l'instar de tous les autres secteurs économiques. La TPE a besoin d'un porte-parole au sein du gouvernement qui œuvre à la promouvoir en tant que source de richesse et la situer dans un processus structuré. Quand on commence à affiner et analyser par secteur on découvre des choses aberrantes et on ne comprend pas pourquoi l'Etat reste les bras croisés face à une situation pareille.
De nos jours, la TPE tient une place importante dans le discours économique et se place au cœur des préoccupations de certains opérateurs puissants, notamment la CGEM…
Peut-être pour des raisons politiques, mais la CGEM ne représente aucunement la TPE. On veut bien que la Confédération nous aide avec sa réflexion, or elle ne connaît pas les spécificités de ce tissu. La CGEM doit s'occuper de ce qu'elle sait faire. Au niveau de l'UGEP on a toujours défendu la TPE en tant que mine d'or. Elles sont 3 millions d'entreprises qui produisent de la richesse. Si on les aide à entrer dans un circuit formalisé, la TPE contribuera à la consolidation d'une économie solide tissée par le bas. Cela est indestructible car il constitue le pilier d'une économie réelle. En développant un bon réseau d'artisans et de commerçants on va aider la TPE à se mettre à niveau. N'ayant pas de ressource énergétique, il n'est pas question d'ignorer la richesse de la TPE et les efforts indéniables d'opérateurs économiques qui agissent tous les jours. Malheureusement, il y a un problème de cohérence de politique autour de la TPE. Si on ne prend que le plan Rawaj qui vise à moderniser le commerce, l'artisan n'a pas accès à ce programme. Et qui dit artisan dit toute personne qui produit manuellement. Cela va d'un fabricant de babouches à un boucher, etc.
Comment atteindre ces objectifs escomptés?
Tout simplement en engageant des politiques d'accompagnement de la TPE qui peuvent sauver les caisses de l'Etat. Si les 3 millions de TPE adhèrent à la CNSS et à une caisse de retraite, ces deux organismes pourront élargir leurs assiettes de façon incroyable. Même constat pour les impôts. Si la TPE ne rapporte que 2 milliards par an, à moyen terme elle rapportera dix fois plus, voire 20 à 30 milliards de dirhams. Il faudra par ailleurs situer ces objectifs sur une durée déterminée variant entre 15 à 20 ans, avec une absorption de 150.000 TPE par an.
L'Etat et le GPBM ont mis en place récemment un outil facilitant l'accès au financement aux TPE. Qu'en pensez-vous?
«Daman express» est une démarche louable. La question que je me pose : est-ce que vous voyez un banquier recevoir un artisan ? Ils n'ont partagé ni le même langage ni les mêmes références. Si «Daman express» doit exposer directement l'artisan et le banquier sans qu'il y ait un intermédiaire au moins moral, à savoir une association, ce produit frôlera l'échec tout comme les autres produits mis en place précédemment, en l'occurrence Moukawalati. L'UGEP a pris pour mission de vulgariser ce produit auprès des représentants de TPE et de les informer de tous ces détails. Il faut intégrer un circuit associatif entre la banque et les TPE afin d'élaborer leur business plan, de les préparer pour cet engagement et surtout de lever la confusion et leur faire savoir qu'il s'agit d'un prêt à rembourser et non pas d'une garantie de l'Etat.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.