l y a des difficultés au niveau normatif, c'est-à-dire en ce qui concerne l'arsenal juridique encadrant les élections, notamment les lois organiques, autour du découpage, des collectivités territoriales… ALM : Y a-t-il un retard dans l'organisation des élections communales? Mohamed Darif : L'agenda des élections législatives et communales a été fixé avant l'été de l'année dernière. SM le Roi a appelé à ce que le processus électoral dans son ensemble (communales, régionales, élection de la deuxième Chambre) s'achève avant fin 2012. Il était prévu que l'ouverture de la session parlementaire d'octobre se fasse avec une première et deuxième Chambres entièrement renouvelées. Cette échéance peut être respectée s'il y a une réelle volonté politique, mais cela semble de plus en plus impossible au rythme auquel on évolue. Qu'est-ce qui entrave la mise en place d'un agenda électoral? Personne n'a envisagé les difficultés et la lenteur qu'allait prendre l'action gouvernementale. Un certain nombre de critiques sont adressées au gouvernement par l'opposition. Mais on en reste toujours au stade de la polémique, puisque aucun débat n'a été enclenché entre toutes les composantes de la scène politique marocaine. Il y a des difficultés au niveau normatif, c'est-à-dire en ce qui concerne l'arsenal juridique encadrant les élections, notamment les lois organiques, autour du découpage, des collectivités territoriales, leurs prérogatives et un nouveau code électoral. Aussi, s'il faut une refonte des listes électorales, cela nécessitera deux mois ; on peut aussi se contenter d'une simple révision des listes des élections législatives du 25 novembre, opération moins compliquée. Mais force est de constater qu'outre ces opérations normatives indispensables pour l'organisation des élections, et somme toute surmontables, il y a une nouvelle donne. Il s'agit du chantier de la régionalisation consacrée constitutionnellement. Dans quelle mesure le chantier de la régionalisation est-il un défi de taille? Il y a un agenda à respecter. Après la nouvelle Constitution, les élections législatives, la dynamique enclenchée depuis 2011 doit se poursuivre avec les élections communales, celle de la deuxième Chambre et surtout le défi consacré par les nouvelles dispositions relatives à la régionalisation avancée. C'est l'essence de la mutation, l'un des objectifs de la Constitution. Car le vrai changement ne réside pas dans l'accès au pouvoir du PJD à l'issue des Législatives mais dans la concrétisation de la Constitution. Ceci passe par la régionalisation, elle-même ayant un rapport avec les collectivités territoriales, le découpage régional et du même coup les élections communales. Ainsi le défi est de taille et implique la participation vigilante de tous. Quel est l'enjeu de ces élections pour les partis politiques? Le ministère n'a pas encore entamé les concertations avec les partis. Il n'y a pas encore de débat aujourd'hui, on en est encore au stade de la polémique. Une polémique accentuée par un manque de visibilité. L'opposition demande un agenda. La majorité elle-même n'est pas d'accord sur la ligne à suivre pour aborder ces élections. Bien qu'il soit convenu qu'il faut élargir l'alliance des partis de la majorité au niveau communal, on ne sait toujours pas quelle sera l'approche adoptée, comment se fera cette alliance et s'il y aura des candidatures communes. Les partis de la majorité ne partagent pas la même vision. Leurs chances et enjeux sont différents les uns des autres. L'objectif du PJD est de crédibiliser ses résultats aux Législatives et de renforcer sa position dans la deuxième Chambre. Le PI, lui, compte reconquérir sa position de leader, les partis de l'opposition souhaitent contrer la montée des islamistes.