Les acteurs politiques n'ont aucune visibilité sur l'agenda législatif comprenant entre autres les lois électorales nécessaires à l'organisation des élections communales. A quand les élections communales? Après l'adoption de la loi de Finances, tout le monde se pose cette question. L'agenda préétabli en 2011 prévoyait la fin du processus électoral dans son ensemble en 2012. Nous avons eu droit à une nouvelle Constitution, un nouveau gouvernement et une nouvelle première Chambre. Pour poursuivre la dynamique de changement et de démocratisation tout le monde s'accorde à dire qu'il faut des élections communales, élire une nouvelle Chambre des conseillers et s'atteler à la concrétisation du chantier de la régionalisation. Mais aujourd'hui, un retard se dessine. Les acteurs politiques n'ont aucune visibilité sur l'agenda législatif comprenant entre autres les lois électorales nécessaires à l'organisation des élections communales. Pourquoi un tel retard dans l'annonce des prochaines échéances ? Pour El Arabi Abdelhak, président de la commission chargée des élections au sein du PJD, il y a un certain nombre de problématiques auxquelles s'est confronté le gouvernement. D'abord la régionalisation, chantier qui lui-même s'imbrique dans les élections communales en comprenant trois volets : le découpage, les attributions constitutionnelles des régions et des communes qui doivent faire l'objet de loi. Il y a aussi le mode des élections et la représentativité des partis dans les conseils communaux et régionaux. Il y a ensuite la problématique des lois organiques qui ne demandent qu'à être débattues au Parlement. De ce fait, préparer les élections ne passe pas sans entamer le chantier de la régionalisation. Tout ceci peut-il se faire avant fin 2012 ? «Difficile, mais pas impossible», estime M. El Arabi. Mais pour l'opposition, «préparer des élections avec hâte risque d'avoir des conséquences néfastes sur le processus de transition démocratique». C'est ce qu'a indiqué à ALM Abdelatif Ouahbi, chef du groupe parlementaire PAM. «L'organisation d'élections n'est pas une décision administrative, mais politique. Elle n'obéit pas à la dictature de la majorité, mais doit être abordée avec une approche participative et respecter un certain nombre de conditions juridiques et objectives», souligne M. Ouahbi. Et d'ajouter: «Nous attendons toujours à ce que le gouvernement ouvre un dialogue pour entamer cette nouvelle phase et pour que les partis puissent se préparer sur le terrain». Pour Mohamed Moubdie, parlementaire et membre du bureau politique du MP, «s'il faut solliciter de Sa Majesté le Roi un autre calendrier, nous le ferons». Et de poursuivre: «Parce qu'il faut mettre en place des structures et des mécanismes efficaces pour réussir la transition démocratique. Ceci ne doit pas se faire de manière bâclée». Et selon M. El Arabi, le défi est de taille : il faut un cadre législatif clair et conforme à la Constitution, ainsi qu'un mécanisme garantissant la transparence et l'honnêteté des élections. Une énorme tâche dans la mesure où il est question de quelque 1.500 communes, comparé aux élections législatives où il s'agissait de gérer 92 circonscriptions. Même son de cloche pour Rachid Roukban, président du groupe parlementaire PPS. «L'enjeu est de taille. Il ne faut pas qu'il y ait ni précipitation ni grand retard dans l'organisation de ces élections», soulève-t-il. Et de conclure: «N'empêche qu'il faut de la visibilité en ce qui concerne l'agenda législatif du gouvernement. On ne peut plus continuer comme ça, allant vers l'inconnu, sans planification et projection dans l'avenir. Plus nous attardons le lancement d'un débat, plus l'opération se fera difficilement».