C'est fait. Tripoli a obtenu mardi la confirmation de sa réintégration progressive au sein de la communauté internationale, avec, pour la première fois depuis vingt ans, la visite en Grande-Bretagne d'un ministre libyen des Affaires étrangères. La communauté internationale réintégrera progressivement la Libye en son sein. Tripoli en a obtenu mardi la confirmation. Et a reçu en prime la promesse d'une rencontre "dès que possible" entre le Premier ministre britannique Tony Blair et le colonel Mouammar Kadhafi. C'est aux côtés de son homologue libyen Abderrahmane Chalgham, que Jack Straw, le ministre britannique des Affaires étrangères, a fait cette déclaration à Londres. «Nous espérons beaucoup qu'une visite pourra être organisée dès que possible, mais aucune date n'a encore été fixée», a ainsi annoncé M. Straw. Une porte-parole du Foreign Office a précisé que le pays qui accueillerait cette rencontre au sommet n'a pas encore été fixé. Le chef de la diplomatie libyenne a pu s'entretenir en tête-à-tête avec Tony Blair et lui a remis une lettre du colonel Mouammar Kadhafi. M. Chalgham a qualifié sa venue à Londres de « vraie percée» diplomatique. Tripoli et Londres ont renoué leurs relations diplomatiques en 1999, rompues en 1984, après le meurtre d'une femme policier britannique, Yvonne Fletcher. Elle avait été tuée par des balles tirées depuis l'intérieur de l'ambassade de Libye à Londres lors d'une manifestation devant l'enceinte diplomatique. Le ministre libyen a toutefois profité de son passage à Londres pour souligner que la Libye «n'a jamais décidé de produire» des armes de destruction massive (ADM). «Nous avons eu l'équipement, nous avons eu les matières, le savoir-faire et les scientifiques. Nous n'avons jamais décidé de produire de telles armes», a affirmé M. Chalgham. «Avoir la farine, l'eau et le feu ne signifie pas que vous avez du pain», a-t-il insisté. Le séjour de M. Chalgham intervient après l'annonce le 19 décembre par la Libye de sa décision de renoncer à la mise au point d'armes de destruction massive (ADM), obtenue après plusieurs mois de négociations secrètes avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. «L'annonce a ouvert la voie à la réintégration de la Libye au sein de la communauté internationale», a jugé Jack Straw. MM. Chalgham et Straw ont discuté mardi des relations de la Libye avec l'Union européenne. "J'attends avec impatience la fin de l'embargo de l'UE sur les armes", a déclaré le ministre britannique. "Nous sommes maintenant en mesure d'établir une relation fructueuse et bénéfique pour chacun" des deux pays, a commenté M. Straw en qualifiant "d'historique" cette "première visite depuis plus de vingt ans" d'un chef de la diplomatie libyen. Vendredi, à l'issue d'une rencontre à Londres avec des responsables libyens, le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns avait fait part de l'intention de Washington d'examiner "la possibilité de nommer un petit nombre de personnes dans les capitales respectives étant donné l'absence d'ambassades en activité". Par ailleurs, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, est arrivé mardi en fin de matinée en Libye, pour une brève rencontre avec le colonel Kadhafi. "L'Italie est un pays ami et qui désire le rester. Le passé est loin", a-t-il affirmé à son arrivée. Il s'agit de la seconde visite de M. Berlusconi en Libye en l'espace de 15 mois, mais du premier voyage d'un responsable d'un pays occidental depuis la décision de Tripoli sur ses programmes d'ADM. Les relations entre l'Italie et la Libye ont souvent été orageuses, mais le dialogue n'a jamais été rompu, "même quand personne n'y croyait", a souligné récemment le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini. Silvio Berlusconi avait été l'un des premiers à saluer la volonté du colonel Kadhafi de renoncer à ses programmes d'armes de destruction et a même revendiqué un rôle dans cette décision.