A la suite du débat passionné suscité par les nouveaux cahiers des charges des chaînes de télévision publi-ques, Mustapha El Khalfi a décidé finalement de sortir de son silence pour apporter des précisions et des compléments à tout ce qui a été dit et écrit depuis quelques jours sur la question. Déplacement des journaux télévisés en langue française, publicité des jeux de hasard, subventions… A la suite du débat passionné suscité par les nouveaux cahiers des charges des chaînes de télévision publiques, le ministre de la communication, Mustapha El Khalfi, a décidé finalement de sortir de son silence pour apporter des précisions et des compléments à tout ce qui a été dit et écrit depuis quelques jours sur la question. Lors d'un dîner organisé mercredi soir à Rabat, le ministre a exposé aux représentants de la presse écrite sa vision des choses et ce qu'il veut faire du pôle audiovisuel public. Et déjà à ce niveau, une première problématique d'ordre juridique et légal doit être réglée : le pôle audiovisuel public, a expliqué le ministre, n'existe pas en tant qu'entité juridique. Ce qui pose un problème de démarche au ministère. Car pour réformer le pôle public il faut avoir des responsables en face ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. D'où la première grande décision qui consistera à créer un holding public qui regroupera deux filiales qui seront la SNRT et Soread-2M. Un schéma qui ressemblera fortement à l'expérience d'Al Omrane. Selon M. El Khalfi, le projet de texte pour la création du holding est déjà quasiment ficelé et devra être approuvé dans les deux mois qui viennent. Une fois réglé cet aspect juridique, le ministre réserve un vaste programme de refonte des deux chaînes, le tout basé sur deux piliers majeurs : le service public et la pluralité. Pour la SNRT, le plan d'action du ministère, tel qu'il a été traduit dans le nouveau cahier des charges, prévoit, entres autres nouveautés, de repositionner les chaînes thématiques ou d'en créer de nouvelles. C'est le cas de la 4ème (Arrabiâa) qui sera transformée en chaîne dédiée au culturel, de la régionale de Laâyoune qui deviendra désormais une chaîne pour Laâyoune et Dakhla ou encore les stations de radio régionales qui deviennent des radios à part entière qui diffuseront à plein temps sur les ondes locales. Autres nouveautés pour la SNRT, la création de deux nouvelles chaînes : une dédiée au Parlement et l'autre à la famille et l'enfant. Pour ce qui est de 2M, le projet du ministre de tutelle est d'en faire une vraie chaîne de proximité qui doit refléter la pluralité et la diversité à tous les niveaux : politique, culturel, sociétal… Pour assurer cette mission de proximité, le nouveau cahier des charges de 2M impose à cette dernière de programmer davantage d'émissions de débat de la chose publique et politique. Le ministère a opté pour 3 émissions de débat par semaine en plus de 5 autres rendez-vous d'informations grand public. Bien entendu, ces réaménagements auront des répercussions financières, notamment en ce qui concerne les recettes publicitaires qui seront forcément impactées par l'obligation du service public. Mais il n'y a pas que ça. La réforme a aussi soulevé l'épineuse problématique de la langue. On l'a vu, par exemple, avec la décision de déplacer le journal télévisé en langue française de 20h45 sur 2M pour le remplacer par JT en arabe. Et ce n'est certainement que le début d'un débat qui promet d'être chaud et passionné.