Dans les couloirs des prisons américaines, la mort continue de guetter des milliers d'hommes et de femmes. Quand on aborde le sujet délicat de la peine de mort, le « cas américain » s'impose de lui-même. En effet, la première puissance mondiale, qui donne des leçons de droits de l'Homme au reste de l'humanité, bat tous les records en la matière. Depuis 1976, année du rétablissement de la peine de mort, on compte aujourd'hui plus de 700 exécutions dans les prisons sophistiquées des Etats-Unis. Plus de 3600 hommes et femmes attendent à leur tour le jugement fatal. Un véritable carnage contre l'humanité. Selon des chiffres officiels, les deux tiers des condamnations à la peine de mort aux Etats-Unis entre 1973 et 1995 ont été révisées par les juges par manquements à la loi. Face à cette machine meurtrière, certains journaux américains à l'image du New York Times adoptent une position tranchée. Elle se décline comme suit: la peine capitale aux Etats-Unis est arbitraire, injuste d'un point de vue racial et nourri d'erreurs judiciaires. Dans cette configuration, il n'y a aucun moyen pour que les innocents soient épargnés. En Amérique, les sociologues ont établi depuis des dizaines d'années que la peine de mort est l'exemple le plus cruel de la violation des droits de l'homme dans ce pays et qu'elle est fondamentalement raciste. Les statistiques le prouvent. Celles-ci ont démontré qu'un Afro-américain déclaré coupable du même crime qu'un blanc a, au minimum quatre fois plus de chance d'être condamnés à mort. Pis, une personne condamnée à la peine capitale dans le Sud a 160 fois de chance d'être exécuté qu'un habitant condamné à la même peine dans le Nord-Est des Etats-Unis. Une chose est sûre : même le système de cassation des condamnations à mort ne peut jamais garantir que des innocents ne seront pas exécutés par l'Etat. C'est d'ailleurs pour cette raison que la Cour suprême des Etats-Unis a déclaré la peine capitale illégale dans l'affaire Furman contre l'Etat de Georgie en 1972. Depuis 1976, les preuves selon lesquelles la peine de mort ne peut être appliquée de façon juste et impartiale n'a cessé de croître. Face à la gravité de la chose, le Gouverneur Républicain de l'Illinois, George Ryan a d'ailleurs ordonné l'arrêt de l'utilisation de la peine de mort. Pourtant, il a défendu pendant des années le recours à l'exécution. Il reste que la lutte menée pour empêcher l'exécution du journaliste Afro-américain Mumia Abu Jamal, a déclenché un extraordinaire mouvement populaire pour l'arrêt des exécutions.. Huit villes ont appelé officiellement à l'abandon de la peine capitale dont la Philadelphie. Le mouvement de la lutte contre la peine capitale s'est soldé également par une pétition baptisée « Ensemble contre la peine de mort », issu d'un long engagement de deux amis, le journaliste Benjamin Menasce et l'éditeur Michel Taube. Cet engagement s'est traduit par la création d'une fondation portant le même nom. L'objectif est de sensibiliser l'opinion publique américaine qui semble être scandalisée par les défaillances du système judiciare.