Entretien. Footballeur attitré et entraîneur affûté, l'ex-gardien de but international, Badou Zaki, réagit sereinement à l'élimination des Lions de l'Atlas de la CAN 2002. Aujourd'hui Le Maroc : Que pensez-vous de la prestation de l'équipe nationale la CAN ? Baddou Zaki : Le résultat, on l'a vu et il fallait s'y attendre. L'élimination de l'équipe nationale dès le premier tour de la Coupe d'Afrique a été une grande déception. Malheureusement, elle n'a fait que confirmer les craintes ressenties, depuis longtemps, et ce bien avant la CAN, par le public et les médias marocains. On gardait pourtant l'espoir de voir un « miracle » se produire. Les déclarations faites par certains avant le départ pour le Mali nous ont fait croire que le Onze national avait une potion secrète qui allait tout faire basculer en sa faveur. On s'attendait aussi à ce que le rendement et les prestations soient meilleurs. Ça n'a pas été le cas. Il faut se rendre à l'évidence et se poser de sérieuse questions sur notre football national. Vous n'êtes pas sans savoir que la Fédération de football s'est réunie lundi dernier. Aucune décision n'a été prise. Que pensez-vous du délai de 15 jours qu'elle s'est accordée pour évaluer la participation marocaine à la CAN? Prendre le temps d'évaluer comme il se doit la participation marocaine est une bonne chose. On a subi un véritable choc et toute décision prise ce jour-là aurait été aussi bien hâtive qu'impulsive. Disposer de 15 jours pour faire le bilan signifie avoir assez de distance pour évaluer la réelle ampleur de cette élimination et d'en cerner les tenants et les aboutissants. Quels sont les changements qui pourraient survenir à l'issue de ce délai ? Ce n'est pas à moi de prédire quoi que ce soit. Mais le plus important, c'est de rendre justice au public marocain chez qui on a nourri beaucoup d'espoirs et qu'on a déçu au bout du compte. Ce qu'il faut éviter, par contre, c'est de se contenter de limoger le sélectionneur national et de maintenir le statu quo dans les autres composantes du football. Coelho est responsable de l'échec des Lions de l'atlas, mais il n'est pas le seul. Il faut tout revoir. D'autres pays tels que le Sénégal l'ont déjà fait avant nous. Nul besoin de revenir sur le niveau de leur football actuellement, on en a eu la preuve lors de cette même CAN. Par quoi devrait-on commencer? C'est aux responsables de fixer les priorités et d'agir en conséquence. Ils sont les seuls à savoir ce qui s'est vraiment passé, avant et pendant la CAN. À eux d'assumer leur rôle et faire en sorte que ça ne se reproduise plus jamais. Ce qui est sûr c'est qu'on ne doit pas s'arrêter sur celui qui a cassé les plats mais réaménager toute la cuisine. Seriez-vous capable de prendre les commandes de l'équipe nationale ? (Timidement) C'est une question plutôt étrange. Mais si cette fonction a pour seuls critères la compétence et l'expérience, je crois que le problème ne se pose pas pour moi. Ça serait pour moi un grand honneur. Entraîneur, c'est mon métier. Comme tout Marocain, je rêve du jour au le Onze national saurait représenter honorablement ce pays. Si je peux contribuer à ce que cela puisse se faire, je n'hésiterais pas une seconde.