Entraîneur ayant su se faire une carte visite aussi bien au niveau national qu'à l'étranger, Abdelghani Naciri a connu des hauts et des bas. Tombé dans les oubliettes, il a été sollicité par Baddou Zaki pour prouver, à nouveau, ses compétences, mais aussi sa fidélité aux couleurs nationales. Entretien. ALM : Comment vous avez vécu l'événement ? Abdelghani Naciri : C'est une Coupe d'Afrique qui va rester graver dans ma mémoire. C'est quelque chose d'historique. Si on a fait un bon parcours c'est grâce, d'abord, au coach national, Baddou Zaki qui a fait un travail colossal, mais c'est grâce aussi aux joueurs que je tiens à remercier beaucoup. Ils étaient excellents. Je crois que le grand secret de la belle performance de notre équipe nationale depuis le début de la CAN 2004 jusqu'à la finale c'est la discipline tactique. Le sélectionneur national a su travailler cet aspect-là. C'est quelqu'un qui est arrivé en équipe nationale avec une stratégie et des objectifs bien ciblés. À cela, il faut ajouter le cadre dans lequel on a préparé cette CAN. C'est un élément très important. L'ambiance était extraordinaire, depuis Marbella jusqu'à Tunis. J'espère qu'on va continuer dans cet esprit-là. Vous faites votre retour en équipe nationale, en tant qu'adjoint de Baddou Zaki, après plusieurs années d'absence ? À partir des années 90, j'ai préféré me retirer de la scène footballistique nationale pour prendre un peu de recul. J'avais besoin d'un moment de réflexion. Après quoi, j'ai quitté le Maroc pour entraîner plusieurs équipes du Golfe. J'ai assuré la montée en première division du club de Saltanat Oman, Souwik. Idem avec le club Imarati, Khalij, où évolue actuellement l'international marocain, Benmahmoud. J'ai également pris en main l'équipe de la Guinée-Équatoriale, pendant trois ans. Puis après, je suis rentré au Maroc où j'ai eu beaucoup de propositions pour entraîner des équipes locales. Mais je les ai déclinées. J'ai préféré rester à l'écart, jusqu'à ce que Zaki fasse appel à mes services. C'était un grand honneur pour moi, le jour où il l'a annoncé à la presse nationale. La personnalité, la volonté et l'amour de Zaki pour le drapeau national étaient des éléments parmi d'autres qui m'ont poussé à accepter cette proposition. Tout le monde sait que vous avez été «remercié» quelques semaines avant le début de la Coupe du monde 94. Pourquoi? C'est de l'histoire ancienne. Je ne veux pas en parler. J'ai toujours était fidèle aux couleurs nationales. C'est cela le plus important. J'ai entraîné l'équipe nationale juniors, l'équipe nationale olympique, qui a participé aux jeux olympiques de Barcelone, et l'équipe nationale A. J'ai rejeté le poste d'entraîneur adjoint à l'époque, où le onze national était dirigé par l'allemand Warner. Car, j'ai toujours préféré travailler avec un cadre marocain. Vous êtes le co-pilote de l'équipe nationale. Qu'est-ce que vous apportiez de plus à Baddou Zaki? De la collaboration et de la concertation. À chaque fois que Badou Zaki a besoin de conseils, je n'hésite pas à lui en donner. C'est quelqu'un d'expérimenté. Diplômé de l'école anglaise de football, c'est quelqu'un de pragmatique. J'ai toujours collaboré avec Zaki et on a déjà travaillé ensemble. On se connaît depuis l'âge de 13 ans. On a joué ensemble dans le même club de Salé, l'ASS, durant les années 70. Lui, a fait une carrière de footballeur, pour devenir, par la suite, entraîneur. Quant à moi, j'ai continué mes études à l'institut des sports, où j'ai soutenu ma thèse sous le thème «le foot en mouvement». En 85, j'ai effectué deux stages sous l'encadrement de deux grands noms du football mondial : Michel Hidalgo et Karlheinz Marotsky, grand instituteur de la FIFA à l'époque. L'année d'après, j'étais élu expert par l'Union arabe de football pour laquelle j'ai travaillé, trois ans plus tard, durant la coupe d'arabe des clubs champions qui s'est tenue à Marrakech. En 93, j'ai assisté avec le cadre national Blinda au symposium de l'Union européenne de football. Et dernièrement, j'ai pris part, en Egypte, à une conférence dont le thème s'articulait autour de l'analyse technique de la Coupe du monde 2002, qui s'est déroulée en Corée du Sud et au Japon. Une rencontre à laquelle avaient pris part, en tant qu'experts, l'ex-entraîneur de l'équipe nationale du Brésil, Luiz Pilipe Scolari, et l'actuel sélectionneur du Cameroun, Winfried Schäfer. J'étais, d'ailleurs, le seul Marocain à y participer. Pensez-vous que votre exploit avec les Lions de l'Atlas est, en quelque sorte, une revanche ? Une revanche dans le sens positif. J'ai toujours été prêt à donner toute mon énergie pour servir mon pays, mais j'ai toujours eu des problèmes. J'ai appris beaucoup de chose tout au long de ma carrière. Je remercie beaucoup Zaki qui a fait confiance en moi.