U.ssef fait partie de ces Marocains de France qui honorent leur pays d'origine. Après un premier CD très remarqué dans le monde du show-biz, ce chanteur prépare un deuxième. Les jeunes Marocains de France, ceux qu'on l'appelle les beurs, ne font pas seulement l'actualité par les actes de violence perpétrés dans les banlieues, mais par la part de création qu'ils introduisent dans la vie culturelle de ce pays. La liste de ceux qui ont rajeuni les arts en France est longue. Cette liste sera assurément augmentée par un nouveau visage : U.ssef. Il est chanteur. U.ssef est né le 12 janvier 1975 à Oualad Nasser, un village près de Errachidia. Il est arrivé en France à l'âge de deux ans et s'est établi avec ses parents à Nancy, ville qu'il n'a plus quittée depuis. Les Nancéiens reconnaissent de loin sa silhouette fine illuminée par des cheveux blonds. La presse lorraine a fait un accueil triomphal à son premier CD : «Le sablier du temps». Dans ce premier C.D., U.ssef a testé plusieurs genres musicaux. Il cherche encore sa voie, mais les prémisses d'une grande carrière existent bel et bien dans ce coup d'essai. U.ssef cherche son style dans le R & B et le groove oriental. Il chante en trois langues : arabe, français et anglais. Les chansons en anglais sont les moins expressives. U.ssef justifie cela par le fait «qu'il ne saisit pas toutes les nuances de cette langue, n'arrive pas à ressentir la charge des mots». C'est dans l'arabe et le français que ce chanteur s'exprime donc le mieux. Les chansons en arabe se rattachent à son pays d'origine, à ce Maroc qu'il a quitté géographiquement, mais avec lequel il maintient mille et une attaches affectives. L'une des chansons les plus émouvantes de son premier CD s'intitule «Oumi». Il y rend hommage à sa mère et à la culture dans laquelle elle l'a baigné. «Je suis redevable à mes parents de ce que je suis maintenant, je ne m'acquitterai jamais de ma dette envers eux», explique l'intéressé. Son père s'est pourtant opposé à ses premiers pas dans la chanson. Il ne croyait pas beaucoup à la carrière musicale de son fils, mais quand il a vu que les médias saluaient l'audace innovatrice de U.ssef, il l'a soutenu. Le premier CD est d'ailleurs dédié à ce père, mort aujourd'hui. Le chanteur lui a adressé un hommage émouvant: «Il ne se passe pas un jour, une heure, une minute sans que je ne pense à toi. Tu es plus présent que tu ne l'as été de ton vivant dans mon cœur, ma vie et mes pensées. Je te dédie ce CD, repose en paix papa «tu me manques à en mourir». D'autre part, U.ssef prépare l'enregistrement «d'un vrai CD» au mois de mars. Ce CD s'intitulera «Entre deux mondes». Le chanteur précise que ce titre rend compte de sa double culture, du fait que sa vie en France «n'altère pas ses liens avec le Maroc». Il y chantera seulement en arabe et en français. L'expérience de l'anglais ne l'a pas convaincu, et U.ssef n'est pas homme à s'obstiner dans une voie qui ne mène pas loin. «Entre deux mondes» sera enregistré à Paris et mixé à New York. Alors que dans son premier CD, il avait écrit, composé et interprété ses chansons, pour son deuxième CD, U.ssef fera appel à d'autres compositeurs, dont son compatriote Jawad Bilali «qui a un talent fou», ajoute le chanteur. U.ssef ne laisse pas passer une occasion sans rappeler tout ce qu'il doit aux personnes qui l'ont aidé. Il tient particulièrement à remercier son agent Jabbar Oumedour et adresse ses mots à Ahmed Ghayet : «Merci de croire en moi !» Faire une tournée au Maroc est l'un des vœux les plus chers de U.ssef. Le tout est de trouver un producteur sensible à sa musique et à sa voix. Avis aux professionnels !