Cette première visite de Saâd-Eddine El Othmani est hautement symbolique pour les deux pays. Puisque la dernière visite officielle d'un ministre marocain des affaires étrangères à Alger remonte à fin mai 2004. Les relations maroco-algériennes marquent un nouveau tournant. Saâd-Eddine El Othmani, ministre des affaires étrangères et de la coopération, a entamé hier sa visite en Algérie à l'invitation de son homologue algérien Mourad Medelci. Dans une déclaration à la presse à son arrivée lundi à Alger pour une visite officielle de deux jours, M. El Othmani a affirmé : «Il y a une volonté commune d'aller de l'avant et cette visite n'est que le début d'un processus de concertation et de coopération» entre les deux pays et «la mise en œuvre de cette coopération à travers des programmes concrets». «Cette visite intervient dans le cadre de la volonté commune des deux pays de mettre à profit la conjoncture actuelle aux niveaux régional et international en vue d'enclencher une dynamique forte dans les relations bilatérales, les consolider et les raffermir davantage et les étendre à d'autres domaines et secteurs nouveaux», a ajouté M. El Othmani. Mais au-delà de la symbolique, est-ce que cette visite signe la fin des points chauds qui ont jusque là gelé les rapport entre les deux pays voisins, notamment l'ouverture des frontières et la question des provinces du Sud ? Ainsi ces deux points qui ont largement été présents dans le programme du nouveau gouvernement n'ont pas été mentionnés de manière explicite dans le communiqué officiel du ministère des affaires étrangères et de la coopération marocain. Aussi le ministre des affaires étrangères et de la coopération a souligné que cette visite sera également l'occasion de se concerter sur les voies et moyens pour réactiver l'Union du Maghreb Arabe, estimant que «les changements intervenus dans certains pays de l'UMA pourraient nous donner l'opportunité de transcender les difficultés qui entravent la complémentarité et l'intégration du Maghreb». De son côté, le ministre algérien des affaires étrangères, Mourad Medelci, a rappelé que la visite de M. El Othmani à Alger intervient après celle qu'il avait effectuée le 16 novembre dernier au Maroc au cours de laquelle un dialogue constructif a été ouvert aux niveaux bilatéral et maghrébin. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que cette visite couronne une série de visites officielles marocaines en Algérie, notamment la dernière en date celle du ministre de l'agriculture Aziz Akhannouch en décembre 2011. Rappelons que le Maroc a à plusieurs reprises réitéré son appel pour l'ouverture des frontières entre les deux pays, pour une coopération solide et plus d'action afin de dépasser tous les problèmes, et favoriser leur relation sur les plans politique, économique et sécuritaire. Ainsi selon Mohamed Benhamou, expert en questions stratégiques, les changements régionaux font que si l'Algérie ne s'inscrit pas dans une dynamique d'ouverture, elle risque l'isolement : «Hier le contexte était différent. Et l'Algérie ne sentait pas le besoin de normaliser ses relations avec le Maroc. Pour cela tous les coups bas étaient permis pour l'Algérie». Il est question de la fermeture des frontières, du maintien du statu quo dans la région, des tentatives d'exclusion du Maroc des questions relatives au Sahel, du problème dans les provinces du Sud utilisé comme une plaie ouverte faisant partie d'une stratégie visant à affaiblir le Maroc de sorte à avoir un leaderchip dans la région. Et M. Benhamou de conclure : «Aujourd'hui, nous sommes face à une réalité géostratégique nouvelle qui, espérons le, permettra à la voix du cœur et de la raison de triompher».