Mohamed Darif estime qu'il y a eu une interaction positive entre les observations du carré royal et les propositions du chef de gouvernement. ALM : Quelle lecture faites-vous de l'organigramme du nouveau gouvernement ? Mohamed Darif : La principale remarque à faire à propos de l'organigramme c'est qu'il ne diffère pas des gouvernements précédents. C'est comme si on reproduit une vision traditionnelle des secteurs ministériels. Au départ, le chef de gouvernement désigné a cherché à réduire le nombre de protefeuilles et à favoriser la création des pôles ministériels. Mais, ce que nous constatons aujourd'hui c'est qu'il y a un effritement des secteurs. Par exemple, pour le département des affaires étrangères on a trois portefeuilles. Un ministre des affaires étrangères et de la coopération, un ministre délégué chargé des MRE et un ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères. Même chose pour l'enseignement avec les portefeuilles de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur. Ainsi, on n'a pas finalement réussi à rompre avec la vision traditionnelle. Cet organigramme va impacter négativement le bilan du gouvernement car cela nous empêche d'avoir une vision homogène à propos d'un secteur déterminé. Selon vous, comment le gouvernement Benkirane va être perçu par les citoyens ? Certes, nous constatons un renouvellement de l'élite ministérielle à hauteur de 70 à 80%. Tous les ministres PJD n'ont jamais été au gouvernement. Pour l'Istiqlal, on a quatre nouveaux visages, le MP 2 et le PPS 3. Mais, en ce qui concerne la structure, on remarque qu'il y a toujours une forte présence des ministères de souveraineté. On a cinq ministres sans appartenance politique, dont quatre étaient ministres dans le cadre d'anciens gouvernements. Ainsi, en élargissant le champ des SAP, on n'a pas réussi à rompre avec les anciennes structures. Mais, il y a tout de même l'élément positif concernant le renouvellement des élites. Qu'en est-il de la représentativité féminine ? Avec une seule ministre qu'est Bassima Hakkaoui nommée au poste de ministre de la famille et de la solidarité, on a une très faible représentativité des femmes. C'est grave. A l'heure où la nouvelle Constitution met l'accent sur l'amélioration de la représentativité féminine en perspective de la parité, nous enregistrons un recul. C'est vraiment décevant. Même dans les années 90 on avait toujours trois à quatre femmes représentées au gouvernement. Quelle analyse faites-vous du processus de formation du nouveau gouvernement ? Dans sa globalité, ce processus a été marqué par un débat. Les partis au pouvoir devaient faire des concessions. Aussi, le chef de gouvernement a déployé un grand effort pour réunir sa majorité dans un premier temps. Par la suite, l'organigramme a été établi et les quatre partis se sont mis d'accord à propos de la répartition des postes ministériels et la désignation des ministrables. L'essentiel c'est qu'il y a aussi l'intervention du carré royal pour apporter des observations sur les compétences des noms qui ont été proposés. Il y a eu une interaction positive entre les observations du carré royal et les propositions du chef de gouvernement.