Il est parfois des événements qui bouleversent toute une vie. Une jeune et brillante étudiante marocaine connaîtra un début de succès aux USA. Malheureusement, ce fameux 11 septembre a tout reunis en cause. Retour à la case départ. Lorsque Hanane Denkess était à sa dernière année à l'ISCAE (institut supérieur de commerce et d'administration des entreprises), elle travaillait jour et nuit, avec acharnement. Le fait de réussir et d'obtenir son diplôme n'était pas la vraie raison de son enthousiasme. C'était le rêve de poursuivre ses études supérieures aux USA qui primait sur le reste. Agée de 22 ans, son diplôme en main, Hanane s'envole vers le pays de l'oncle Sam pleine d'enthousiasme et de bonne volonté. Elle atterrit à New-York en septembre 1996, comblée de bonheur « Chaque fois que j'appelais ma famille au téléphone, j'exprimais ma joie et mon ébahissement devant le degré de développement et la vitesse avec laquelle va la vie en Amérique » se souvient Hanane. Pour elle, l'avenir est assuré, et la vie s'annonce prometteuse dans cet univers hautement civilisé d'autant plus qu'elle avait un frère bien installé à New-York. Entre deux soupirs Hanane fait défiler ses souvenirs récents. Entre l'université et les innombrables lieux de loisirs, sa vie allait bon train. Elle s'est faite des amis, et entre temps s'est distinguée par son niveau puisqu'elle a eu la première note au premier examen. Une autre motivation d'aller encore plus loin dans son domaine à savoir le marketing international. Les années se succèdent et chaque fois qu'elle rentre des USA en été elle avait hâte que le temps passe vite pour retourner vers la grande civilisation. Un sentiment accentué par la situation précaire dans laquelle vivent les autres lauréats de sa promotion. « Je pressentais une certaine fierté d'avoir échappée à cet état de choses, mes anciens camarades de l'ISCAE sont divisés en deux catégories. Ceux qui ont la chance d'avoir trouvé un boulot et les autres qui continuent de taper à toutes les portes sans aucun résultat. » remarque Hanane. C'est ainsi que les années sont passées jusqu'à ce qu'elle obtienne son MBA «with distinction» comme elle raconte. Immédiatement après, elle intègre le marché de l'emploi avec une bonne rémunération. En quittant le domicile de son frère pour s'installer en tant que co-locataire avec une copine marocaine, elle réalise une indépendance complète. Pour la première fois de sa vie elle compte sur elle-même et de surcroît dans le pays le plus démocratique du monde où les droits sont égaux etc. « Quand ma famille me demandait de rentrer au pays pour m'y installer, ma réponse était toujours : impossible » avoue Hanane avec un brin d'amertume bien perceptible. Mais c'était sans compter sur la grande surprise et que personne ne pouvait imaginer. Mardi noir. Le désormais célèbre 11 septembre qui allait par la suite faire sombrer le monde arabo-islamique dans un grand désarroi lié notamment à la nouvelle équation américaine « Vous arabe ou musulman donc vous êtes terroriste. ». Fbeaucoup d'autres dans la même situation, est devenue infernale. Et encore elle avait de la chance car les new-yorkais étaient moins hostiles que dans le reste des Etats-Unis et particulièrement dans le sud, où des lynchages en public ont eu lieu, à l'instar des hors-la loi lors du 19ème siècle. Un pakistanais, rapporte Hanane, a été littéralement massacré à Denver, état du Colorado. Dans la rue comme dans les lieux publics, poursuit-elle, et même dans les parcs de distraction, le teint brun est devenu aimant d'ennuis quand ce n'est pas une menace ou encore une attaque directe. Cette jeune fille allait même être convoquée par le FBI pour la simple raison qu'ils ont trouvé sa carte de visite chez un suspect barbu. Heureusement que le problème n'est pas allé plus loin. Néanmoins c'était assez pour que Hanane ne supporte plus de vivre là-bas. Et ce qui devait arriver arriva. Rien ne peut égaler la chaleur de notre pays bien aimé et dont «l'amour» se trouve dans les cœurs de ses citoyens grâce à sa culture fraternelle. Cette jeune marocaine est sur le point d'avoir un emploi, et reconnaît qu'elle avait tort de penser ne jamais revenir au Maroc.