Suite à l'intervention de certains membres du Conseil et du wali de la ville de Casablanca en personne, une session extraordinaire est prévue dans les jours qui viennent. Les prémices du déblocage au sein du Conseil de la ville de Casablanca commencent à apparaître. Le Conseil présidé par Mohamed Sajid, pratiquement au point mort depuis plusieurs mois, tente de remettre la machine sur les rails. A l'heure où nous mettions sous presse, lundi 26 septembre, le bureau du Conseil tenait, sous la présidence de M. Sajid, une réunion destinée à établir l'ordre du jour et fixer la date exacte de la session extraordinaire prévue vers la fin de la semaine en cours. C'est ce qu'a affirmé à ALM Mohamed Joudar, vice-président UC du Conseil. Pour rappel, la session de juillet ne s'est toujours pas tenue, faute de quorum, alors que celles de février et d'avril avaient été suspendues. Une situation qui s'est répercutée directement sur les projets structurants de la capitale économique lesquels se trouvent toujours en suspens. Une source proche du dossier affirme, d'ailleurs, que le Conseil se focalisera lors de la session extraordinaire, prévue fort probablement pour vendredi prochain, sur la relance de ces grands projets, à savoir le tramway de Casablanca, le grand théâtre et le projet de pont à haubans prévu au carrefour de Sidi Maârouf. A l'origine de ce déblocage, une démarche de collecte des signatures initiée par le groupe du PJD et une intervention du wali de la région du Grand Casablanca Mohamed Halab. En fait, selon Abdelmalek Lakhili, membre PJD du Conseil de la ville, les membres du Conseil ont adressé, jeudi 22 septembre, une demande portant la signature de quelque 90 membres appelant M. Sajid à tenir une session extraordinaire. Cette demande s'est faite conformément à l'article 58 de la Charte communale qui exige du président de convoquer le Conseil en session extraordinaire si le tiers des membres en exercice lui en font la demande écrite, comportant les questions à soumettre à l'examen du Conseil. Aussi, le même jour, M. Halab a fait la même demande au président du Conseil. «Il y a actuellement une unanimité entre les membres du Conseil sur la nécessité de relancer les trois projets en question. Toutes les composantes du bureau du Conseil et même quelques membres de l'opposition ont signé la demande», souligne M. Lakhili. Et d'ajouter que, «aussi, le fait que le wali ait demandé au président de tenir la session montre que toutes les parties ont mis de côté les points de divergence pour relancer Casablanca». Selon une source au sein du Conseil, M. Sajid aurait convié les composantes de la majorité à un dîner chez lui dimanche dernier, pour débattre des points de divergence et établir l'ordre du jour de la session extraordinaire. Une démarche à laquelle le groupe du PJD s'est opposé. «M. Sajid a voulu tenir une réunion avec les composantes de la majorité, sans fixer une date précise, pour débattre des points de divergence qui ont jusque-là été à l'origine du blocage. Nous lui avons dit qu'il ne fallait soulever à l'heure actuelle que les points qui font l'objet d'accord pour faire avancer les choses et relancer les grands projets», explique M. Lakhili. A noter que parmi les points de discorde entre les membres du Conseil, il y a les comptes administratifs et la question de l'équilibre de la représentativité au sein du Conseil. Cela dit, certains membres de l'opposition au sein du Conseil campent toujours sur leur position rejetant même l'idée de la tenue d'une session extraordinaire. Ils continuent d'appeler à l'application de l'article 25 de la Charte communale qui stipule que l'autorité de tutelle, à savoir l'Intérieur à travers le wali, assure la gestion de la ville lorsque le Conseil est dans l'incapacité de le faire, et ce pendant une période de trois mois. Cette période, selon le même article, peut être prorogée pour trois mois supplémentaires avant la dissolution du Conseil. «Il est vraiment scandaleux qu'une ville comme Casablanca soit bloquée en raison de l'incapacité du Conseil de la ville à tenir sa session. Mohamed Sajid n'a plus aucune légitimité car il a perdu sa majorité», précise Mohamed Rahin, membre SAP de l'opposition au sein du Conseil de la ville. «Le ministère de l'intérieur doit intervenir en appliquant l'article 25 de la Charte communale. Le président du Conseil n'a plus le droit de gérer les affaires locales des Casablancais», souligne M. Rahin. L'opposition au sein du Conseil de la ville va encore plus loin en demandant le déclenchement de poursuites judiciaires sur la base des rapports de la Cour des comptes ayant relevé des dysfonctionnements au niveau de la capitale économique. «L'Intérieur nous avait promis que le rapport 2009 de la Cour des comptes sur Casablanca n'allait pas rester lettre morte. Mais il n'en fut rien, et ce même si ce rapport indique qu'il y a de grands dysfonctionnements au niveau de cette ville dont le maire assume directement la responsabilité», souligne M. Rahin. A noter que le bras de fer entre les élus du Conseil a constitué le principal facteur de ce blocage qui a trop duré. Depuis que le Conseil n'a pas réussi à tenir la session de février dernier, la majorité accuse l'opposition d'être à l'origine de ce blocage en adoptant une position opportuniste. Quant aux élus de l'opposition, ils ne cessent de rappeler que la présidence du Conseil a perdu la majorité et qu'elle n'était plus qualifiée pour assurer la gestion de la ville. Face à cette situation, M. Sajid donnait l'impression d'être incapable de maîtriser sa propre majorité et encore moins l'opposition. De l'avis de plusieurs membres du Conseil de la ville de Casablanca, les soucis de M. Sajid ne finiront pas avec la tenue de la session extraordinaire tant attendue. Ceci s'explique par le fait que cette session qui se tiendra incessamment n'abordera que la question qui fait l'unanimité entre les différentes composantes, à savoir la nécessité de relancer les grands projets structurants. Pour leur part, les points qui font la divergence se trouvent toujours sans solution efficace et imminente. Ainsi, le déblocage de la situation à tous les niveaux au sein du Conseil n'est pas pour demain.