Afghanistan. Hamid Karzaï s'est dit prêt à « en finir avec les chefs de guerre » récalcitrants aux directives centrales. Un défi qu'il ne pense pouvoir relever qu'avec le renforcement de l'aide internationale. Le chef intérimaire de l'exécutif afghan, Hamid Karzaï, de retour d'une visite historique aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, s'est déclaré dimanche déterminé à « en finir avec les chefs de guerre », au moment où la paix dans le pays continue d'être menacée par des combats, particulièrement dans les provinces du Nord et de l'Est. Dans la province de Paktia, des affrontements opposaient en effet depuis mercredi deux factions rivales pachtounes pour le seul contrôle de la capitale régionale Gardez (100 km au sud-est de Kaboul), entraînant la mort d'une soixantaine de personnes. Le conflit concerne deux grands chefs de guerre pachtounes dont l'un, Padsha Khan, a été désigné par M. Karzaï comme nouveau gouverneur du Paktia, et l'autre, Saif Ullah, refuse de céder le contrôle de Gardez qu'il dirige depuis la chute du régime des Taliban. Dans ce contexte, le premier a envoyé ses forces dans la ville pour tenter de s'imposer mais celles-ci ont été repoussées par les troupes du second, repliées depuis dans les montagnes avoisinantes. Une commission spéciale a alors été envoyée samedi pour tenter de trouver une solution à la crise. Une Loya Jirga (grande assemblée traditionnelle des chefs locaux), prévue pour deux à trois jours, a également débuté dimanche dans la ville et a déjà obtenu une trêve jusqu'à vendredi. D'autres conflits, moins intenses, ont aussi éclaté samedi dans la région de Mazar-i-Sharif, capitale de la province de Balkh (Nord). Deux factions rivales, celle du chef de guerre ouzbek Abdul Rashid Dostam, (vice-ministre de la Défense), et celle du Tadjik Mohammad Atta, s'y sont affronté pendant plusieurs heures - sans faire de victime – avant qu'un groupe de médiation ne parvienne à obtenir une fragile promesse de trêve. Ces deux événements, loin d'être des faits isolés dans le pays, avaient déjà été précédés de combats comme, le 21 janvier dernier près de Kunduz, ceux qui ont opposé des partisans du général Dostam et les partisans tadjiks de l'ancien président Rabbani, et ont fait 11 morts. Si les autorités centrales tentent de contrôler ces fauteurs de troubles pour éviter tout risque d'embrasement du pays, Hamid Karzaï plaide depuis plusieurs jours pour un renforcement des effectifs de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF). Il souhaite, comme il l'a demandé officiellement mercredi dernier devant le Conseil de sécurité à New York, que le mandat de l'ONU, limité à Kaboul et ses environs, soit même étendu à l'ensemble de l'Afghanistan. Une opération qui nécessiterait quelque 30.000 hommes. Cette alternative souhaitée par le chef de l'exécutif en dit en tout cas long sur les capacités de Kaboul à s'imposer sur le reste du pays, à y garantir la paix, l'ordre et la sécurité. Vingt années de guerre ne s'oublient pas en quelque mois…