Aucun résultat définitif sur l'adhésion du Maroc au CCG n'a été annoncé dimanche à Ryad, mais toutes les possibilités sont à l'ordre du jour. Les chefs de la diplomatie des Etats du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont convenu, dimanche 11 septembre, lors d'une réunion à Jeddah avec le Maroc et la Jordanie, de mettre sur pied deux groupes de travail pour examiner les domaines de la coopération commune. La prochaine cession du CCG se tiendra dans trois mois et examinera les rapports des deux groupes de travail composés de représentants du secrétariat général du Conseil et des deux pays candidats à l'adhésion. Ces deux groupes se déclineront en des commissions spécialisées, chargées d'étudier les domaines de coopération à soumettre au Conseil supérieur, plus haute instance décisionnelle du CCG, et les modalités d'adhésion du Maroc se feront sur la base des rapports des groupes de travail. Au cours de cette rencontre, le Conseil ministériel du CCG a recommandé aux dirigeants des pays du Conseil d'adopter un programme quinquennal de développement économique en faveur du Maroc et de la Jordanie. Selon Taïeb Fassi Fihri : «Le Maroc demeurera ouvert à toute proposition que le Conseil juge opportun pour lancer ce processus d'intégration avancé, en ayant à l'esprit toutes les données objectives et les potentialités disponibles en vue de gagner ce pari commun». Le ministre des affaires étrangères a également formulé le vœu du Maroc de voir ce processus de partenariat «déboucher sur des résultats importants, à même de servir les intérêts supérieurs de nos Etats». Lors de ces tractations, le côté marocain a insisté sur l'importance de mettre en place un cadre juridique susceptible de faciliter la circulation des individus et l'organisation de la migration des compétences marocaines sollicitées conformément au droit international. Fassi Fihri a aussi appelé à l'élaboration d'une vision globale et harmonieuse de ce partenariat qui puisse englober l'ensemble des domaines de coopération, y compris les aspects stratégiques, politiques, sécuritaires, économiques et humains. Le Royaume tient par ailleurs «à ce que soient gérées nos préoccupations d'ordre sécuritaire, comme la lutte contre le terrorisme, l'extrémisme et le crime organisé», a poursuivi le ministre. Pour autant, cette relation privilégiée avec les pays du Golfe ne doit en aucun cas se répercuter négativement sur le rôle du Maroc au Maghreb. Le pays considère que ses relations avec les Etats du Golfe sont le noyau dur du lancement d'un partenariat prometteur et qu'une telle perspective aura un impact bénéfique en termes d'intégration dans le monde arabe en général. Concernant les volets économiques, Taïeb Fassi Fihri a affirmé que le Maroc tend à mettre à profit les énergies, les compétences, les opportunités et les potentiels de développement dont disposent ces pays, de manière à favoriser la circulation des capitaux, des marchandises et des services, dans une dynamique où seraient associés tous les opérateurs économiques. Selon un rapport de l'Emirates Industrial Bank publié en août dernier, les échanges commerciaux entre le Maroc et la Jordanie d'un côté et les Etats du CCG de l'autre, ont atteint 8,7 milliards de dollars en 2010 contre 6,4 milliards en 2009. Le CCG, qui comprend l'Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, Oman et le Qatar, est resté un club fermé depuis sa création en 1981, quand on pense que le Yémen, pourtant proche, demeure jusqu'à présent exclu du groupe. Selon les analystes, les monarchies du Golfe cherchent à se prémunir contre le danger iranien, en proposant d'intégrer la Jordanie et le Maroc. pour rappel, le Sommet des chefs d'Etat du CCG, réuni le 10 mai dernier à Ryad, avait invité le Maroc et la Jordanie à rejoindre le cercle. Aucune réponse officielle n'avait alors été formulée par le Maroc, jusqu'à la déclaration de Ryad dimanche. Un PIB de 1000 milliards de dollars Le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe est une organisation régionale regroupant au départ six pays du Golfe. Le Conseil a été créé sous l'impulsion de l'Arabie Saoudite le 25 mai 1981, dans le but d'assurer la stabilité économique et politique de la région. Il est composé de l'Arabie Saoudite, d'Oman, du Koweït, du Bahreïn, des Emirats Arabes Unis et du Qatar. Le Conseil a également pour but une unification du système économique et financier des Etats membres. Un accord de sécurité intérieure est signé en 1982 entre les Etats membres suite à une tentative de putsch à Bahreïn en décembre 1981 et, au niveau militaire, les forces armées des pays du Conseil de coopération du Golfe organisent depuis 1983 des manœuvres communes baptisées « Bouclier de la Péninsule». Aux sommets de Koweït (1984) et de Mascate (1985), il est décidé que les unités participant à ces manœuvres forment une «force de déploiement conjointe» dont le quartier général se trouve au nord-est de l'Arabie Saoudite. L'intégration du Maroc et de la Jordanie entraînera une hausse de l'ordre de 12,2% du Produit intérieur brut (PIB) nominal du groupement. Cette hausse portera le PIB de cette zone à plus de 1.000 milliards de dollars par an, selon le Financial Times. Les pays du CCG ont commencé à réduire leur dépendance à l'égard du pétrole, en développant leur agriculture, leur industrie et leur secteur des services, y compris le tourisme. La part globale du secteur industriel (pétrole compris) a diminué de 80 % en 1975 à 51 % en 1998, alors que la contribution du secteur des services passait de 19 % en 1975 à 44,5 % en 1998. La contribution totale de l'agriculture est passée de 0,89 % en 1975 à 4,22 % en 1998 (CESAO, 1999). Mohamed El Hamraoui