Le parti de Abdelilah Benkirane remet en cause l'utilité des concertations et met en doute la pertinence de rechercher un consensus. Pour lui, une seule manière de trancher : passerau vote au Parlement. Le Parti de la justice et du développement (PJD) sort de sa réserve au sujet des lois électorales. A l'issue d'une réunion de son secrétariat général, lundi 22 août, le PJD a adressé, hier matin, une lettre au ministre de l'intérieur, Taib Cherkaoui, où il dénonce «l'inutilité» du processus de concertations lancé par le ministère au sujet des lois électorales, à partir du moment où, «la deuxième mouture n'apporte rien de nouveau par rapport à 2007». Le parti dirigé par Abdelilah Benkirane estime que le ministère de l'intérieur n'a pas réussi à obtenir un consensus entre les différents partis à propos des lois électorales. «Il est pratiquement inutile de faire les mêmes remarques à propos de cette deuxième mouture et d'avoir les mêmes réponses. Il s'agit de discussions vaines qui ne servent à rien. C'est dans ce sens que nous avons adressé une lettre à l'Intérieur», souligne Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD, dans une déclaration à ALM. A noter que les partis devaient rendre, mercredi 24 août, leurs copies contenant leurs observations au sujet de la deuxième mouture. Le PJD, qui annonce l'échec de la démarche de l'Intérieur consistant à vouloir rapprocher les positions des partis pour déboucher sur un consensus, veut désormais recourir à la méthode démocratique, c'est-à-dire à travers un vote au Parlement. A rappeler que plusieurs partis, notamment le parti de l'Istiqlal et l'USFP, avaient exprimé leur rejet des nouvelles propositions de l'Intérieur à propos de la loi organique sur la première Chambre et appelé Taib Cherkaoui à revoir sa copie pour une deuxième fois. «Aujourd'hui, tous les partis sont déçus. Les propositions de l'Intérieur ne répondent pas aux aspirations des Marocains pour les prochaines élections», a fait savoir le secrétaire général adjoint du PJD. Le seuil électoral proposé par M. Cherkaoui n'est pas au goût du parti islamiste. «Dans le cadre de ce projet de loi, nous avons toujours les mêmes variables qui avaient donné les résultats de 2007. A savoir le seuil de 6% au niveau local, 3% pour la liste nationale et le mécanisme du plus fort reste. Ce sont-là des éléments qui favorisent la balkanisation de la vie politique», explique-t-il. Ceci dit, le PJD annonce, par ailleurs, qu'il n'a pas l'intention de boycotter les prochaines réunions de l'Intérieur consacrées à l'examen des lois électorales. A rappeler que la deuxième mouture du projet de loi organique sur la Chambre des représentants qui a été remise aux partis, samedi 20 août, propose la réduction du nombre des députés par rapport au texte initial. Ainsi, l'Intérieur suggère une première Chambre composée de 379 députés au lieu de 379 membres, avec 74 sièges réservés à la liste nationale. Le nouveau document fixe le seuil des élections à 6% au niveau des circonscriptions locales et 3% pour la liste nationale. Aussi, parmi les nouveautés apportées par la deuxième mouture du projet, figure l'incompatibilité entre la députation et le poste ministériel, tout en prévoyant la possibilité pour un ministre de regagner son siège au Parlement au cas il quitterait son poste au gouvernement. Il est question également de l'incompatibilité entre la députation et la présidence de la région. A noter que la Commission de l'intérieur, de la décentralisation et des infrastructures devra entamer ce jeudi l'examen des lois électorales en attendant l'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement.