Notre classe politique ne correspond plus à «l'ère» du temps, c'est une lapalissade que de le dire, elle a besoin d'un renouvellement générationnel, d'un rajeunissement, mais aussi d'une féminisation et d'une refonte totale des pratiques, des mœurs, de l'esprit… Bien sûr ceci n'est pas vrai seulement chez nous, mais c'est particulièrement vrai chez nous ! On ne peut plus faire de la politique dans le Maroc d'aujourd'hui comme on la pratiquait il y a cinquante ans. Tout a changé : les mentalités, les besoins, les attentes, les demandes, les espoirs, mais aussi –mais surtout- l'inextinguible soif de respect, de dignité, de cohérence ; les jeunes –et moins jeunes- Marocain(e)s souhaitent que l'on parle à leur intelligence, qu'on leur dise ce que l'on fera et que l'on fasse ce que l'on dit ! Ils n'ont pas besoin de promesses mensongères, ni qu'on leur dise que demain «on rasera gratis», ils veulent un langage de vérité, qu'on leur propose un programme ambitieux mais crédible, qu'on leur trace des perspectives. L'une des dispositions de la nouvelle Constitution va grandement contribuer à assainir les pratiques politiques : la fin de la transhumance, mais ce n'est faire injure à personne, ni enlever un quelconque mérite à qui que ce soit que de dire qu'une génération doit «passer la main». Une génération d'âge certes mais surtout une «génération de mœurs politiques». Y a-t-il alors risque de «vacance», de pénurie de «personnel politique» ? Trop facile et fallacieux cet argument, car la relève existe bel et bien dans notre pays ! En phase avec la société, compétents, intègres, intelligents, visionnaires, ils existent au sein même des partis, ils existent en dehors… En interne, des quinquas, des quadras œuvrent déjà, que ce soit aux responsabilités tels Aziz Akhannouch, Karim Ghellab, Taoufik Héjira, Ahmed Chami…ou en «militantisme» tels Mohamed El Gahs, Omar Balafrej, Ali Bouabid, Youssef Chehbi… car rien ne serait pire que de déclarer toute la classe politique obsolète ou corrompue ; ce serait d'une part injuste et de l'autre dangereux : la démocratie a besoin de partis politiques et ensuite on voit bien à qui profiterait le «discrédit» général, c'est-à-dire à ceux qui jouent sur le «tous pourris» pour se présenter comme ceux qui, eux, «lavent plus blanc» ! Mais la relève existe aussi ailleurs, elle émerge du tissu associatif où des trentenaires, forts d'une expérience militante « de terrain », sont en situation de devenir militants, cadres, leaders politiques ! Certes ils hésitent, ils craignent de perdre leur «légitimité», de perdre la confiance qu'ils ont acquis de la part des jeunes, et surtout ne se sentent guère attirés par l'offre partisane actuelle…pourtant pour ceux d'entre eux qui ont «la flamme» il leur faudra vaincre toutes ces réticences, il leur faudra «s'encarter» sous peine de s'enfermer dans un cercle vicieux : «la classe politique actuelle ne nous convient pas, mais nous ne voulons pas nous engager» qui ne mène à rien, sinon au risque de voir toute une jeunesse se détourner durablement de la politique, du vote et donc contribuer au statu quo. Osez ! Osons ! De nombreux espaces de discussion, virtuels ou réels se créent…bien sûr il faut que tout cela passe par un « tamis », par un « sas », pour qu'émergent les convaincu(e)s, les sincères, les « durs à cuire »…ceux qui s'accrocheront, qui dureront, car la politique est un monde où la sélection est sévère, mais ils et elles sont là, et inéluctablement ils sont appelés à assumer leurs responsabilités ! Si vous ne me croyez pas sur parole, venez en rencontrer, notamment lors des « Cafés Politis » qui depuis le mois dernier s'organisent chaque mois, une véritable pépinière…et qui n'est qu'un exemple de ce qui foisonne à travers le pays !