Les résultats de l'étude sur la concurrentiabilité du secteur de l'industrie pharmaceutique menée par le Conseil de la concurrence n'ont pas trop plu aux laboratoires. Sur initiative du Conseil de la concurrence, le cabinet Sis-Consultants a présenté, jeudi 14 juillet à Rabat, les résultats d'une étude sur «La concurrentiabilité du secteur de l'industrie pharmaceutique». Le but étant de mener une étude sous forme de monographie sectorielle et de mieux comprendre le paysage pharmaceutique. Ceci étant, le rapport présenté a fait l'objet d'un long débat à l'issue de sa présentation. Ainsi, le laboratoire Sanofi-Aventis a estimé que les indicateurs étaient légers. Pour sa part, le laboratoire Novartis a indiqué que bien qu'elles proviennent de sources fiables, ces informations sont basées sur des rumeurs. Quant au président du Conseil de la concurrence, Abdelali Benamour, il a conclu que le rôle de l'institution qu'il préside est de lever les barrières d'accès au marché. Selon l'étude menée par le cabinet, l'industrie pharmaceutique au Maroc est classée 2ème sur le continent africain après l'Afrique du Sud et représente 0,13% du volume mondial. Au Maroc, la consommation ne cesse d'augmenter. Ceci étant, le cabinet a relevé certaines faiblesses au niveau du marché marocain caractérisé par une certaine étroitesse, la dispersion des volumes de fabrication et la pénalisation de la fabrication locale entre autres. Concernant l'indice de concentration, ce sont 20 opérateurs qui s'accaparent la part du lion avec 95%. Au niveau des parts de marché, Sanofi-Aventis et Maphar détiennent respectivement 10,5 et 9,3%. A leur tour, les médicaments génériques font l'objet d'un système proposé en 2010, mais qui est non encore opérationnel. Ces produits représentent 90% des appels d'offres hospitaliers, 28% au niveau du marché privé, au moment où l'ensemble des médicaments généricables représentent 49%. Ces produits génériques font l'objet d'affrontements à l'égard des détenteurs des médicaments principes. A ce propos, le cabinet Sis-Consultants a appelé à la création ou l'acquisition d'unités de fabrication de génériques ainsi que la justification des prix des principes. Le cabinet a, en outre, relevé que des pratiques douteuses touchent les produits les plus onéreux. Et d'enchaîner que la cancérologie demeure le domaine de toutes les dérives. Le cabinet a également évoqué l'étude parlementaire sur la cherté des prix du médicament dont il a confirmé l'intérêt. Aussi a-t-il recommandé de définir des critères de cherté plus complets, évaluer l'impact de toute correction des prix, opter pour des corrections de prix ciblant les cas d'anomalies et pas les baisses généralisées mettant en danger les médicaments les moins couteux. Selon le cabinet d'étude, certains opérateurs du secteur pharmaceutique sont soupçonnés d'être à l'origine de pratiques anticoncurrentielles avec une possibilité d'ententes sur les prix. Par ailleurs, le secteur pharmaceutique est segmenté en trois catégories. Ainsi, les médicaments d'usage courant connaissent une concurrentiabilité puisqu'ils sont utilisés dans chacune des classes sociales. Les médicaments des pathologies chroniques ont connu, depuis l'an 2000, une nette amélioration grâce aux génériques. Par contre, les pathologies lourdes (cancers, hépatites, etc.) ne sont pas marquées par une concurrentiabilité vu les pratiques anticoncurrentielles et les dérives qui les marquent. Au terme de son rapport, le cabinet a estimé que l'élargissement de la couverture médicale est plus que jamais nécessaire en soulignant que les équilibres budgétaires du système assurance maladie doivent être garantis.