Conscients de l'enjeu pour une gauche qui attend depuis 23 ans de revenir à l'Elysée, les deux adversaires de la primaire ont prôné le rassemblement de leur camp quoi qu'il arrive. A chacun son style : François Hollande et Martine Aubry ont présenté mardi leur équipe de campagne en vue d'une primaire socialiste pour l'élection présidentielle où ils partent à égalité dans les sondages. Le cadre élégant de la Maison de l'Amérique latine choisi par le député de Corrèze, qui a prononcé un discours, contrastait avec la cour bucolique du petit musée proche de Montparnasse élu par la maire de Lille pour présenter ses soutiens lors d'une rencontre informelle avec la presse. Mêmes disparités dans les équipes de campagne. Celle de François Hollande ne compte ni directeur ni porte-parole, mais le «strauss-kahnien» Pierre Moscovici comme coordonnateur et le député européen Stéphane Le Foll dans le rôle d'organisateur. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, les députés Marisol Touraine, Aurélie Filippetti, Vincent Peillon figurent dans ce groupe dont les mots d'ordre seront «mobilisation, rassemblement, renouveau et efficacité», a dit Pierre Moscovici. Martine Aubry a puisé dans la société civile pour former «une équipe qui ressemble à la France». On y trouve le médecin et chercheur Axel Kahn, le spécialiste des nouvelles technologies Daniel Kaplan et Daniel Cohen «meilleur économiste de France» selon la maire de Lille. Ses deux porte-parole, l'adjointe au maire de Paris Anne Hidalgo et le benjamin de l'Assemblée nationale Olivier Dussopt, appartiennent à la jeune génération. Tout comme la militante féministe Caroline de Haas, qui sera associée à l'anthropologue Françoise Héritier pour réfléchir à la question des femmes. L'actrice Sandrine Bonnaire est annoncée à la Culture, l'athlète spécialiste de marche athlétique Yohann Diniz au Sport et la cinéaste Yamina Benguigui à la Laïcité. A la veille de la date-butoir, l'équipe Hollande a déposé mardi les parrainages nécessaires à son entrée en lice pour la primaire prévue en octobre et ouverte à tous les électeurs. Martine Aubry devait officialiser mercredi son entrée dans une compétition qui compte trois autres figures, Ségolène Royal, Manuel Valls et Arnaud Montebourg, qui ont tous dit avoir déposé leurs listes de soutiens. «C'est la première étape d'un long parcours qui va nous conduire, je l'espère, je le veux, à l'alternance en 2012», a dit François Hollande en présence de dizaines d'élus. «Cette journée est à la fois un aboutissement et un nouveau départ», a-t-il ajouté, expliquant vouloir «faire gagner la gauche et donner un bon président à la France en 2012». A la tête d'une «équipe solide pour une France solidaire», Martine Aubry a parlé quant à elle d'«enthousiasme». «J'ai pris cette décision avec beaucoup de gravité et beaucoup d'enthousiasme», a souligné la fille de l'ancien président de la Commisssion européenne Jacques Delors. «Quand je crois que ce que je fais est juste, j'avance». Les sondages donnent Martine Aubry et François Hollande de loin les mieux placés pour battre Nicolas Sarkozy en 2012. Au terme de plusieurs jours marqués par la réponse de la maire de Lille à des rumeurs malveillantes circulant à son sujet sur Internet, François Hollande a prédit une campagne dure. «Rien ne nous sera épargné jusqu'au mois de mai 2012. J'y suis prêt», a-t-il dit. «La droite et Nicolas Sarkozy ne quitteront pas le pouvoir qu'ils détiennent déjà depuis dix ans sans livrer bataille. Elle sera rude, elle sera âpre». Martine Aubry a refusé de s'étendre sur le sujet : «Ma protection, elle est là, c'est l'humanité de ces hommes et de ces femmes», a-t-elle dit en embrassant son équipe de la main. Conscients de l'enjeu pour une gauche qui attend depuis 23 ans de revenir à l'Elysée, les deux adversaires de la primaire ont prôné le rassemblement de leur camp quoi qu'il arrive. François Hollande y voit une «condition de la confiance qui elle-même sera la condition de la réussite». Martine Aubry s'est dite aussi soucieuse de «rassembler la gauche» après avoir «rassemblé les socialistes» depuis trois ans à la tête du parti.