Maintenant que le vote est derrière nous, on va pouvoir palabrer tranquillement sans verser dans le manichéisme qui a trop marqué le débat sur la Constitution. Il vrai que l'une des difficultés, c'est qu'on ne pouvait pas discuter le texte sans le contexte. Les Marocains voyaient bien que, quand les régimes arabes ne s'effondraient pas comme des châteaux de cartes, ils sombraient pour certains d'entre eux dans des guerres civiles et tribales. Les Marocains ; partisans du radicalisme rouge soit-il ou vert, espéraient pour ne pas dire aspiraient, subrepticement bien entendu, à un sort similaire pour notre pays. Vendredi dernier, le peuple leur a infligé un camouflet.Dans une salle électrique, quelque part dans le monde, j'ai eu à débattre avec des Adlistes, venus en force accompagnés par l'un ou l'autre gauchiste. Hormis qu'il était difficile de discuter avec ces gens aux attitudes totalitaires, j'ai noté que le texte de la Constitution ne les intéressait guère. Les seuls points qui motivaient leurs vociférations touchaient aux prérogatives royales, Imarat Al Mouminine en particulier. J'avais beau vouloir parler des libertés individuelles et fondamentales qui commencent, comme un clin d'œil de l'histoire, par l'article 19 et qui finissent par l'article 44. J'avais beau précisé que ces articles, hiérarchie des formes, précédaient les articles sur la personne du Roi qui débutent avec l'article 45, rien n'y faisait. Je m'attendais à discuter avec des jeunes du «20 février». Ceux qui étaient dans la salle, pour l'essentiel des étudiants, n'avaient strictement rien avoir avec ce mouvement. Ceux qui s'en revendiquaient, hormis la pilosité, dépassaient la quarantaine. On pouvait dire à leur propos de vieux jeunes ou jeunes vieux, en aucun cas jeunes. Le jeunisme, donc, comme devanture est la première escroquerie du mouvement. Destour al abid ! Destour al abid ! Beuglaient-ils. Constitution des esclaves était leur devise à répétition. En dehors des slogans et des références à l'époque du Prophète, il était difficile de rentrer en dialogue avec ces gens partisans du monologue et pour lesquels Rousseau, Montesquieu et Voltaire ne sont que de crasseux charlatans. Mais le plus saisissant, c'est qu'après 3h de chicanes et d'escarmouches, ils viennent vous embrasser, s'excusant presque de vous avoir empêché de parler. L'hypocrisie poussée à son paroxysme. Enfin, adeptes du boycott de la Constitution, ils devenaient dingues quand j'évoquais la pusillanimité et la lâcheté de leurs positions. En plus de se refugier derrière le label du «20 février» et son jeunisme de devanture, ils se refugiaient derrière le boycott. Adepte de la technique du cheval de Troie, ils n'ignorent pas que se compter avec les abstentionnistes et les non inscrits est plus aisé que de se compter avec les partisans du «Non».