A l'heure où le CNDH et le ministère de l'Intérieur affirment qu'aucune irrégularité n'a été enregistrée lors du référendum ayant approuvé le projet du nouveau texte, le front de refus de la réforme évoque une falsification des résultats du vote. Aucune irrégularité ni manquement n'ont été enregistrés lors du référendum du vendredi 1er juillet. C'est ce qu'a affirmé, dimanche 3 juillet, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Le Conseil présidé par Driss El Yazami, ayant assuré l'observation qualitative de l'opération de vote, a souligné, dans un communiqué, que la consultation référendaire s'est déroulée dans les conditions énoncées par la loi. Selon la même source, l'équipe des observateurs du CNDH, composée de 48 membres, s'est basée dans son travail sur le remplissage d'un questionnaire relatif à l'opération de vote et un autre consacré au suivi du déroulement de la campagne référendaire durant les journées de mercredi et jeudi, outre le suivi médiatique à travers notamment les articles de presse. Cette opération d'observation a concerné 143 bureaux de vote dans plusieurs villes du Royaume. Le CNDH a, également, assuré la coordination de l'opération d'observation effectuée par l'équipe du tissu associatif dont 184 observateurs ont supervisé l'opération référendaire dans 493 bureaux de vote répartis sur l'ensemble du territoire national. Le CNDH indique, dans son communiqué, qu'il a «mené une observation qualitative dans la mesure où l'opération d'observation a porté sur la période de la campagne référendaire, notamment en ce qui concerne le respect des lois en vigueur, la disponibilité des équipements et dispositifs requis pour le déroulement du référendum, ainsi que le respect de toutes conditions nécessaires au bon déroulement du scrutin». Le communiqué a précisé, en outre, que le ministère de l'Intérieur a mis à la disposition du Conseil toutes les facilités nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Hassan Aghmari, gouverneur-directeur des élections au ministère de l'Intérieur, a affirmé, pour sa part, que la méthode de décompte des voix lors du référendum du 1er juillet s'est déroulée selon les normes en vigueur en droit comparé, et conformément aux règles de sciences politiques et de droit constitutionnel. M. Aghmari a affirmé, dans un entretien à «Radio Plus», que les principaux éléments des résultats se composent des inscrits, des votants et des bulletins nuls. Les votes exprimés par «Oui» et «Non» sont comptabilisés après le retrait des bulletins nuls du nombre des votants, a-t-il expliqué, ajoutant que telles sont les composantes du résultat. Ceci dit, le front de refus de la nouvelle Constitution s'est pressé à remettre en cause les résultats du référendum populaire marqué par un taux de participation de 73,46%. Les islamistes d'Al Adl Wal Ihssane et les gauchistes d'Annahj et de l'Alliance de la gauche démocratique (AGD) montent au créneau pour remettre en question la crédibilité du référendum et de la réforme constitutionnelle approuvée par 98,50% des votants. Ainsi, fidèle à ses rendez-vous hebdomadaires, le Mouvement du 20 février, qui bénéficie du soutien des islamistes de Cheikh Yassine et des gauchistes d'Annahj et de l'AGD, a organisé, dimanche 3 juillet, des marches de protestation dans certaines villes du Maroc pour réclamer plus de réformes. Dans un communiqué de l'Alliance de la gauche démocratique (AGD), élaboré le jour-même de l'opération de vote et bien avant l'annonce des résultats, les gauchistes «considèrent que l'approche adoptée par l'Etat dans le cadre de la campagne référendaire, les directives faites aux présidents des bureaux de vote, la manière du vote et les violations qui ont entaché l'opération de vote du début jusqu'à la fin font que ce référendum est dépourvu de toute légalité et falsifié en plus du fait qu'il n'exprime pas la volonté réelle du peuple marocain et qu'il pousse le pays vers le blocage et la tension». Selon la même source, l'AGD a estimé que la majorité du peuple marocain aurait boycotté la consultation référendaire et réaffirme «son soutien inconditionnel au Mouvement du 20 février». Al Adl Wal Ihssane ne cesse de parler, lui-aussi, d'une prétendue falsification des résultats du référendum. «Le Maroc connaît actuellement l'une des plus grandes opérations de falsification de la volonté populaire de son histoire politique contemporaine. Ce, à travers un référendum prétendu, «confectionné» et orienté sur une Constitution choisie par le régime qui l'a plébiscitée lui-même, après avoir dirigé les médias et tous ses porte-voix, étouffé les voix opposées et avoir eu recours à tous les moyens de pression, de contrainte, d'intimidation...», lit-on sur le site Internet de la Jamaâ de Cheikh Yassine. En parallèle avec les marches du Mouvement du 20 février, d'autres marches de soutien à la nouvelle Constitution ont eu lieu dimanche dans plusieurs villes du Royaume. Ils étaient plus de 90.000 à prendre part, dans une liesse populaire, à ces mouvements spontanés au lendemain de l'annonce des résultats du référendum constitutionnel. C'est ainsi que Casablanca a connu le plus grand rassemblement avec quelque 20.000 participants, suivie d'autres grandes agglomérations, notamment Fès avec 10.000 participants et Tétouan avec 6.000 personnes. A Guercif, dans l'Oriental, ils étaient 6.000 à manifester leur enthousiasme en faveur de la Constitution. Le même nombre a été enregistré à Dakhla, alors que la cité ocre de Marrakech a enregistré quelque 3.500 participants aux marches de soutien.