Khaïr-Eddine Soussi, président de la FISA, explique les effets de la vague de chaleur sur le rendement du secteur avicole et les mesures à prendre pour éviter des mortalités importantes. ALM : Suite à la vague de chaleur que connaît le pays actuellement, à combien estimez-vous les pertes enregistrées dans le secteur avicole? Khaïr-Eddine Soussi : Pour l'instant, je n'ai pas encore d'estimation des pertes que le secteur avicole ait pu subir depuis le début de la vague de canicules que connaît notre pays. Aussi, nous n'avons enregistré aucune réclamation particulière. Mais, ce qu'il faut savoir c'est que la volaille souffre dès qu'on dépasse un certain seuil de température et généralement on dénombre un grand taux de mortalité. Dans ce sens, nous avons entrepris un recensement pour faire le point sur la situation. Comment avez-vous anticipé cette vague de chaleur? Nous l'avons fait par plusieurs manières. D'abord, en lançant une alerte auprès des éleveurs du secteur. Ensuite, en les sensibilisant, essentiellement, sur l'importance de multiplier les points d'eau de leur élevage, les opérations de brumisation et enfin la réduction de la quantité de fumier utilisé. En effet, le fumier peut devenir une source de chaleur supplémentaire pour l'élevage. Mais aussi, nous incitons les éleveurs qui disposent des systèmes de refroidissement à les utiliser plus souvent. Malheureusement, tous les éleveurs ne disposent pas de ce genre d'équipement très utile en cas de grandes chaleurs. Qu'est-ce qu'il en est du traitement et de l'enfouissement des cadavres face à une période de mortalité exceptionnelle? L'enfouissement des cadavres est une opération réglementée et surveillée. Tous les aviculteurs sont équipés d'une fosse au niveau de leurs fermes, destinée à l'enfouissement des cadavres et certains disposent même d'incinérateurs personnels. Cependant, face à un nombre important de cadavres, un aviculteur qui dispose d'une fosse pouvant contenir à peine 500 poulets n'arrivera jamais à se débarrasser de 10.000 cadavres. Dans ce cas, il y a une circulaire du ministère de l'Intérieur qui invite les aviculteurs à s'adresser au wali ou gouverneur de leur région, en vue que les autorités publiques les assistent dans l'opération de traitement et d'enfouissement de leurs cadavres. Mais aussi, les autorités sont appelées à suivre les opérations d'enfouissement de près jusqu'au dernier cadavre. Pourquoi les autorités locales doivent-elles accompagner les opérations d'enfouissement? C'est très important pour l'aviculteur en premier lieu qu'il se fasse accompagner par les autorités et les services vétérinaires. En effet, la fin de l'opération donne lieu à la délivrance d'un PV officiel qui retrace le nombre de cadavres, la date d'enfouissement et les conditions de mortalité. C'est sur la base de ces PV que les sociétés d'assurance peuvent notamment verser des indemnisations aux aviculteurs. Il s'agit d'un document officiel de grande importance.