C'est inacceptable. Aujourd'hui, dans notre pays, des leaders politiques légitimes et responsables sont interdits de parole par des groupuscules bruyants qui se réclament du Mouvement des jeunes sans que le droit à l'expression de la majorité ne soit garanti. Toutes les démocraties du monde fonctionnent sur le principe de l'existence d'une majorité et d'une minorité. Cet axiome de référence, universellement vérifié, des «démocrates» marocains veulent l'inverser. Ils exigent que la minorité impose son point de vue et exerce, en marge de la démocratie, son ascendant sur le pouvoir, la société, les élites, la classe politique, etc. Un million de personnes dans les villes marocaines pour soutenir le «Oui» constitutionnel est l'expression d'un fait majoritaire indiscutable. On le verra dans les urnes. Mais de là à faire passer tous les Marocains qui ne sont pas d'accord avec le Mouvement, désormais, franchisé du 20 février, et ses commanditaires en sous-main, pour des «baltajia», des sous-hommes ou des incapables majeurs est un pas que d'aucuns ont franchi depuis longtemps au nom de la «bienpensance» nihiliste. C'est inacceptable. Aujourd'hui, dans notre pays, des leaders politiques légitimes et responsables sont interdits de parole par des groupuscules bruyants qui se réclament du Mouvement des jeunes sans que le droit à l'expression de la majorité ne soit garanti. L'inversion de la règle démocratique est notable. Qu'elle vienne, souvent, des intégristes de la Jamaâ est un facteur aggravant. Rampant par le passé, le fascisme vert, sous sa forme la plus visible, et la plus violente, est devenu — un effet pervers du 20 février — un facteur structurant du champ de la contestation au Maroc en cette période d'accélération démocratique. La dérive de ces mouvements est connue: c'est une minorité qui entend imposer sa loi. Tout le reste n'est que littérature. Tous les commentateurs qui tressent des lauriers, aujourd'hui, à cette dérive fascisante, et qui minimisent sciemment le sursaut majoritaire, et sa légitimité, en faveur des nouvelles institutions, agissent contre la transition marocaine vers la démocratie et mettent, surtout, en danger son caractère pacifique. La célébration intéressée des minorités agissantes contre la majorité, qui, elle, est par contre méprisée, est historiquement un puissant moteur des pires «fitna».