Emmanuel R. a comparu de nouveau lundi devant la Cour d'assises du Haut-Rhin pour l'assassinat en 2001 d'un marchand de tapis marocain. Cet admirateur de Hitler, qui a fait acte de repentance lors de ses précédents procès, avait avoué le crime devant les gendarmes puis devant le juge d'instruction, avant de nier la préméditation puis d'accuser un «ami», dont il n'a pas révélé le nom, de l'avoir commis. Agé de 41 ans, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit s'achever vendredi. Emmanuel R., ancien agent de maîtrise dans une société de sécurité, a été condamné à 30 mois de prison en 2007 pour la profanation de Herrlisheim, où il avait maculé, avec deux comparses, 117 tombes de croix gammées et de sigles «SS». Il purge actuellement une peine de 10 ans de réclusion criminelle prononcée en 2009 à Colmar pour tentative de meurtre, en 2005, sur la personne d'un retraité marocain dont il avait piégé à l'explosif le cabanon de jardin. C'est l'interpellation en 2006 des auteurs de ce crime qui avait mis les enquêteurs sur la piste des profanateurs du cimetière et de l'assassin du marchand ambulant. Mohamed Madsini, un père de famille de 46 ans, avait été tué d'une balle de calibre 7,65 dans la nuque le 22 mai 2001, alors qu'il faisait du porte-à-porte à Gundolsheim, une commune proche de Rouffach où Emmanuel R. avait de la famille. Dénoncé par ses complices de l'affaire de Herrlisheim auprès de qui il s'était vanté du meurtre, il avait été confondu par sa voiture de l'époque, une Golf bleue d'une série spéciale aperçue par les témoins et par la description qu'ils avaient faite du conducteur: un homme jeune, de type européen, au crâne rasé. Décrit par les psychiatres comme psychorigide mais sain d'esprit et d'une intelligence normale, Emmanuel R. apparaît avant tout comme un nostalgique du 3e Reich qui se sentait investi d'une mission de défense de la «race aryenne». Lors de son interpellation, un portrait de Hitler, un exemplaire de «Mein Kampf» et un drapeau nazi avaient été retrouvés à son domicile tandis qu'à son cou était pendue une plaque d'identification militaire allemande datant de la Seconde guerre mondiale. «J'étais dans un état d'esprit à ce moment-là qui était absurde et que je regrette», a-t-il dit lors de son dernier procès.