Tout ce que nous savons, au jour d'aujourd'hui, c'est que nos jeunes sont contre. Nous ignorons tout de l'appareil critique de ce mouvement à l'égard du nouveau texte fondamental. Comment le Mouvement du 20 février peut-il se positionner contre le projet de la nouvelle Constitution — et c'est, en démocratie, son droit le plus absolu — sans donner à connaître à l'opinion publique nationale les fondements politiques de sa position. Tout ce que nous savons, au jour d'aujourd'hui, c'est que nos jeunes sont contre. Nous ignorons tout de l'appareil critique de ce mouvement à l'égard du nouveau texte fondamental. Il est contre quoi ? Quel domaine particulier ? Quel sujet ? Quel article ? Quelles dispositions ? Quel pouvoir ? Quelle répartition ? Quel équilibre ? Rien. Nous ne savons rien de leur approche ou de leur évaluation. Les jeunes manifestent c'est tout. Ils donnent des déclarations où ils disent en substance que la Constitution de 1996 est identique à celle de 2011. Aucune avancée n'a été enregistrée, aucun changement notable, aucun progrès. Et que l'on se moque d'eux puisque le régime est toujours le même ! Je ne sais pas s'il faut mettre cette appréciation «déconstruite» sur le compte de la naïveté juvénile ou de la fraîcheur de la jeunesse mais la Commission Mennouni que les jeunes ont eu tort de boycotter — ils le paient cher, aujourd'hui, en décalage avec le Maroc réel et profond — n'a jamais eu pour objet de rédiger le texte d'une Constitution pour la république islamique, une démocratie athénienne comme Nadia Yassine, ou pour une république populaire socialiste mâtinée à la sauce altermondialiste. La question n'était pas à ce niveau. Le challenge pour notre pays était clair. Comment accompagner les exigences légitimes de la jeunesse marocaine en termes de dignité, d'égalité et de citoyenneté en améliorant nos institutions et en consolidant la démocratie et l'Etat de droit. C'est à cette aune qu'il faut mesurer les progrès accomplis et, peut-être, le chemin qui reste à accomplir. Une Constitution, aussi avancée soit-elle, doit rencontrer la société qu'elle mérite. Et inversement. Ils doivent nécessairement respirer, ensemble, au même rythme.