Le lancement de l'appel «Pour un Mouvement de tous les démocrates» suscite des réactions divergentes au sein de la classe politique nationale. Tour d'horizon avec les dirigeants des partis politiques. Mohamed Abied (UC) : «La loi garantit le pluralisme» Nous avons déjà accueilli positivement la création du groupe parlementaire «Authenticité et Modernité», parce que nous considérons que ce groupe a permis de contrecarrer l'effritement que connaissent nombre de partis. Aujourd'hui, nous accueillons également de manière positive le lancement du « Mouvement de tous les démocrates » (MTD). C'est un nouveau pas si positif qu'il vise à rassembler les forces vives de la nation. Je ne vois pas de raison de s'opposer à ce genre d'initiatives, d'autant plus que la loi garantit le pluralisme et la diversité. Quand je constate que, parmi les signataires de cette initiative, figurent des cadres comme Mustapha Bakouri qui veulent s'adonner à la politique, je ne peux que saluer cette initiative. Mohamed Moujahid (PSU) : «Le Maroc d'aujourd'hui peut bien se passer de pratiques révolues» Nous considérons que la démocratie ne peut s'affirmer qu'à travers des partis indépendants à l'égard de l'Etat. Et l'Etat ne doit pas être partie dans le conflit entre les partis. Nous savons qu'au sein du «Mouvement de tous les démocrates», il existe des personnalités connues pour leur proximité des sphères du pouvoir. Et, curieusement, cela nous rappelle des pratiques qui ont déjà marqué l'histoire de la vie partisane au Maroc. Le Maroc d'aujourd'hui peut bien se passer de ce genre de pratiques, car ce qui a dicté l'émergence de ce genre de pratiques par le passé n'a pas à s'installer aujourd'hui dans un Maroc en transition vers la démocratie. Driss Lechgar (USFP) : «Cette initiative est une menace pour le processus démocratique» Le lancement de ce mouvement constitue une menace pour le processus démocratique national parce que, comme l'a souligné un récent communiqué du BP de l'USFP, cette initiative risque de nous ramener à une époque révolue de notre histoire partisane. Nous devons conseiller l'instigateur de cette initiative de revenir sur cette décision parce qu'elle est susceptible de porter atteinte à la réputation acquise par le Maroc auprès de l'opinion juridique et démocratique internationale. Tout le monde s'accorde à dire que le Maroc connaît aujourd'hui une transition démocratique sereine et vit une expérience originale à l'échelle de tous les pays du Sud. Ismaïl Alaoui (PPS) : « C'est un phénomène qu'il faut prendre en compte» C'est un phénomène en soi qu'il faut prendre en compte. Mais ce phénomène ne clarifie pas la scène politique parce que ses initiateurs ont opté pour l'ambiguïté. On ne peut pas être dans un parti politique et opter pour ce mouvement qui lui-même va sa transformer en parti politique. Et c'est dommage. Cela dit, il faut se garder de juger précipitamment. Essaïd Ameskane(MP) : «C'est un plus pour promouvoir la démocratie» C'est un plus pour promouvoir la démocratie au Maroc. On y voit un certain nombre de personnes qui, jusque-là, n'ont pas fait de politique, ou d'autres qui appartiennent à des partis déjà existants (des intellectuels, de grandes pointures économiques, etc). Tous ces gens s'inscrivent dans cette perspective de vouloir promouvoir la démocratie au Maroc. On ne peut être que content de cette initiative. Jusqu'à maintenant, on ne parle pas de parti politique, et pourquoi pas un jour. Ce Mouvement aura son audience parmi les 34 partis politiques au Maroc. Et nous ne pouvons que nous enchanter pour un mouvement qui peut apporter sa pierre à l'édification démocratique de notre pays. Je ne pense pas que ce mouvement va concurrencer les partis traditionnels parce que ces partis ont déjà leur place, leurs militants et leur audience sur l'échiquier politique. Si ce Mouvement ne nuit à personne, en voulant s'inscrire dans la modernité, nous ne pouvons que l'applaudir. Taoufik Hejira (Istiqlal) : «Cette initiative s'inscrit dans la légalité et le droit» A priori, c'est une initiative qui s'inscrit dans la légalité et le droit. Du moment qu'on est dans cette légalité, et dans le respect d'autrui, je ne peux qu'adhérer à ce principe. Cela dit, j'attendrais que le Comité exécutif du parti auquel j'appartiens se prononce pour que je puisse m'exprimer davantage. Talbi Alami (RNI) : «Ce Mouvement remplit le vide politique» J'adhère au mouvement et avec beaucoup de convictions. Je pense que le Mouvement de tous les démocrates vient pour remplir le vide que nous vivons aujourd'hui au niveau du débat politique. Nous allons militer pour atteindre notre objectif. C'est un mouvement de proximité qui s'ouvre sur la population et souhaite connaître les attentes et les préoccupations des citoyens. C'est un espace que nous voulons offrir à l'ensemble des démocrates de notre pays. Nous voulons consolider tous nos acquis. Ce qui se fait aujourd'hui au Maroc, est fait par tous les Marocains. Les Marocains ont innové et nous en sommes fiers. Il faut faire une pause et se dire « voilà qui marche, et voilà qui ne marche pas ». Est-ce qu'on peut construire une démocratie sans avoir recours aux partis politiques forts. Est-ce que les Marocains aspirent uniquement au développement, sans porter un intérêt vif à la politique ?