C'est un enchantement que l'équipe nationale marocaine nous a offert samedi dernier. Face à une équipe algérienne teigneuse, surtout dans les premières vingt minutes, les Lions de l'Atlas ont fait du ballon, du jeu pétillant, de la possession monopolistique et du spectacle talentueux. Et avec tout cela un score. Il faut pouvoir savourer cette victoire qui est mise en valeur par la performance, loin d'être négligeable, de l'équipe algérienne. Cela notifie que les Marocains étaient au top. De plus, bien que l'arène fut chauffée à blanc par un public aux anges, celui-ci n'en était pas moins respectueux comme force invitante. C'est le visage d'un Maroc gagnant comme on aimerait le voir plus souvent. La victoire ou la défaite dans ce derby ne peut être réduite à sa simple dimension sportive. C'est qu'il met en juxtaposition deux pays avec des relations diplomatiques rompues et une frontière fermée sur un fond d'hostilité. Je laisse aux spécialistes l'analyse de tous les ressorts de cette situation. Moi, c'est un autre aspect du sujet que je voudrais soulever. Les Lions de l'Atlas et leurs entraîneurs ont eu leur part de gâteaux d'injures, d'insultes, de récriminations pour qu'ils puissent, eux aussi, savourer aussi, grâce à cette revanche, leur répit. Gerets était hier onéreux et cher. Aujourd'hui il est chéri. C'est un peu la règle dans le sport : on brûle ceux qu'on a glorifiés ou on idole ceux qu'on a brûlés la veille. Mais le plus pitoyable, ce sont les propos qui se sont attaqués aux Marocains nés dans l'immigration et qui ont choisi de défendre les couleurs nationales. Dans une indifférence quasi générale, des propos méprisables furent parfois tenus. Que n'a-t-on pas dit sur cette «Equipe nationale avec toutes les langues du monde», un procès en cosmopolitisme comme si cela ne constituait pas un atout et qu'on voulait exclure ces enfants d'immigrés de la pluralité marocaine. Une sélection «occidentale». Des «joueurs qui méconnaissent l'hymne national» qui n'est pas sans rappeler la critique adressée par le Front National à l'équipe de France. Une sélection à «identité égarée»…. Je passe sur Hajji et consorts. Aujourd'hui, tout le monde loue Oussama Assaïdi. Cette nouvelle étoile qui brille dans le firmament du football marocain joue, à ce que je sache, avec ses pieds et non pas avec son larynx qui colporte un idiome arabe relativement estropié et approximatif, comme la majorité des enfants d'immigrés. Gerets qui se «tape des kilomètres en France, en Belgique, aux Pays-Bas… pour trouver les meilleurs» et attirer de nouveaux talents du vivier de l'immigration serait-il plus conscient des potentialités de l'immigration que des journaleux opportunément émigrophobes.