Avant le G8, la France, qui a souvent le talent de faire de belle opération de communication, a réuni, sous l'égide du président de la République, un G8 dédié à la planète Internet avec comme invités les vedettes de la galaxie du web dont la star et créateur de Facebook, le jeune archi-milliardaire Mark Zuckerber. Avant le G8, la France, qui a souvent le talent de faire de belle opération de communication, a réuni, sous l'égide du président de la République, un G8 dédié à la planète Internet avec comme invités les vedettes de la galaxie du web dont la star et créateur de Facebook, le jeune archi-milliardaire Mark Zuckerber. Nicolas Sarkozy va fait un discours dont la verve est certainement alimentée par la probable et enfiévrée plume d'Henri Guaino, son conseiller et célèbre pourfendeur de la pensée unique. Si globalement, beaucoup ont vu dans l'opération une affaire de promotion pour le futur candidat Sarkozy, le discours tenu devant ce parterre prestigieux vaut toutefois le détour. Qualifiant Internet de troisième révolution de la Mondialisation après les découvertes de Christophe Colomb et de Magellan, après la révolution industrielle, mais en omettant bizarrement de citer la révolution de Gutenberg, créateur de l'imprimerie, le propos présidentiel a beaucoup insisté sur les changements induits par cette nouvelle révolution. Une révolution, fait-il remarquer, qui s'est faite sans violence et dont le terrain de combat fut les universités, particulièrement américaines. Ces changements touchent à la notion d'espace dont Internet a aboli «la distance qui sépare les hommes mais il ouvre un monde virtuel» illimité. Désormais nous vivons dans «un monde où chacun peut entrer en contact avec l'autre. Un monde où chacun peut construire son propre territoire, sa propre communauté, voire sa propre société». Ces changements abolissent la durée au profit de l'immédiateté et de l'instantanéité. Ils contribuent à la dématérialisation des choses en les virtualisant. Ils touchent enfin le rapport à la connaissance en donnant la possibilité à chaque individu non pas d'y accéder mais d'y contribuer. Le printemps arabe ne pouvait qu'imprégner un tel discours. Devant les façonniers de Google, Twitter et autres Ebay, Sarkozy leur attribuera cet inédit de l'histoire où «de simples individus ont pu faire vaciller un pouvoir qui s'était totalement déconsidéré en construisant des barricades virtuelles et des rassemblements bien réels». Toutefois, il n'y a pas que les vertus. Cette révolution qui repose sur la transparence peut porter atteinte aux droits élémentaires des individus en donnant un coup de canif, quand ce n'est pas de dague qu'il s'agit, au principe même de la liberté individuelle. Terrain favorable pour une liberté sans limite ni réserve, Internet peut s'enivrer de son propre pouvoir. Il suffit donc que des utilisateurs, sans honneur ni scrupules, parés des atours du jargon démocratique, pour que le Web devienne le repère de tous les malfrats. Ce jardin de vertus peut se transformer alors en une poubelle pestilentielle et un empire où toutes les lâchetés se disculpent.