Quelque 52.000 personnes ont assisté au concert de Cat Stevens lundi 23 mai à Rabat à la scène OLM Souissi lors du 10ème anniversaire du festival Mawazine. Cat Stevens, Yusuf Islam. Pour ses fans, ses fidèles, c'est un retour de trente ans en arrière qu'ils ont vécu lundi 23 mai à Rabat à la scène OLM Souissi du 10ème Mawazine. Pas une ride dans la voix, l'homme simple, beau et sympathique est resté le même, avec la barbe blanche en plus et la sagesse spirituelle profonde qu'il l'illumine ainsi que son art. L'émotion était au comble quand les 52.000 personnes (chiffre avancé par les organisateurs), vieux et jeunes, qui étaient venues assister au concert ont chanté en chœur des titres qu'ils connaissaient par coeur tel «Father and son» ou «Wild World». Ainsi le message de paix et d'amour «Peace and love» que diffusait Cat Stevens à l'époque des hippies et de Jimi Hendrix un de ses inoubliables compagnons de tournée, était toujours le sien. Mais une sérénité puisée dans l'Islam et son texte sacré l'authentifie encore plus, lui donnant une aura mystique. On sent l'homme plus libre, plus jeune lui qui chante le retour à l'enfance. Il est plus épris. «I go where True Love goes», dit-il dans la chanson «Heaven» sortie en 2006. Aussi des titres comme Changes IV, extrait de l'album Teaser And The Firecat sorti en 1971, restent toujours d'actualité et trouvent écho dans le vent de changement dans les pays arabes, «Don't you feel a change a coming. From another side of time. Breaking down the walls of silence. Lifting shadows from your mind». Par ailleurs, l'artiste avait confié dimanche à Rabat lors d'une conférence de presse que le message de paix dans un monde d'incompréhensions et de conflits est parmi les raisons de son retour sur scène. «L'image de l'Islam fait actuellement l'objet de distorsions. Nous devons raviver l'âme de l'Islam, le vrai», avait-il plaidé. Pour lui, le problème est que «la majorité se mure dans son silence, alors que le message de paix a plus que jamais besoin d'être diffusé». «On a besoin de porte-parole de ce message», a dit Yusuf, ajoutant que «la musique est un moyen efficace, parfois nous en avons besoin pour guérir». Rappelons qu'entre 1977 et 1985, Yusuf Islam s'éloigne totalement des projecteurs. Ce n'est qu'en 2006 qu'il enregistre enfin un nouvel album, avant d'entamer une tournée internationale en 2010. « J'ai trouvé les réponses les plus satisfaisantes à mes interrogations dans le Coran. Ma vie a changé après. Elle s'est améliorée. C'est à cette étape que j'ai commencé ma vie familiale et mon engagement humanitaire. Je n'avais plus vraiment le temps pour faire de la musique», avait-il ajouté. Interrogé sur son passé, notamment la période où il a été victime de plusieurs campagnes d'hostilité, il dit qu' il s'est rendu compte, très tôt, «que dans la vie, les préjugés dominent et les gens ont tendance à porter des jugements sur des choses qu'ils connaissent mal». «Certains ont perçu mes choix comme une sorte de fracture. Pourtant, j'avais cru que cela allait être logique à leurs yeux. Qu'ils allaient comprendre ces choix», déplora-t-il. Et d'assurer : «Le malentendu est né le jour où le politique est entré en ligne... le spirituel devait forcément être interprété politiquement alors que cela n'avait rien à voir». Des incompréhensions qui lui ont d'ailleurs inspiré «Don't let me be misunterstood».