Pendant trois jours, du 6 au 8 mai, des personnalités nationales et internationales ont animé des débats très riches en apportant leurs réflexions et expériences. La 3ème édition du Women's Tribune, qui s'est tenue du 6 au 8 mai a Essaouira, a réuni 150 participants venant de 15 pays. Cette édition a été marquée par la participation de nombreux invités de marque notamment le philosophe et sociologue français, Edgar Morin, l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, la déléguée de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne, Leila Shahid, la présidente de la Commission des femmes des Nations Unies, Michelle Bachelet, la Fondatrice du Women's Forum en France, Aude De Thuin. Les débats animés par des personnalités nationales et internationales étaient très riches et constructifs. Ils se sont articulés autour de trois thématiques principales : «Femmes et gouvernance politique», «La jeunesse arabe au rendez-vous de la citoyenneté» et «Femmes et religion, quelles voies de modernisation ?». Lors de l'ouverture de cette 3ème édition, la présidente du Women's Tribune, Fathia Bennis, a rappelé les objectifs de l'ONG qui se veut, «un espace d'échange, de débat et une tribune pour les voix des femmes du sud de la Méditerranée», a-t-elle déclaré. Mme Bennis a souligné l'adhésion du Women's Tribune aux «valeurs du Maroc, axées sur le dialogue et l'échange, la reconnaissance et le respect de la différence, l'égalité entre les races, les peuples et les religions». Pour sa part, Anna Terron, secrétaire d'Etat espagnole en charge de l'Immigration et l'Emigration s'est exprimée sur le phénomène de féminisation de l'immigration et ses principales répercussions. Lors de son intervention, la ministre espagnole a également mis en exergue les principaux progrès réalisés en faveur de la femme dans son pays. Elle a notamment fait état des progrès en matière de lutte contre la violence, l'égalité des sexes et la promotion des droits, mettant en exergue l'apport des femmes espagnoles à l'aboutissement de ces acquis. Le débat sur les femmes et la gouvernance politique a été animé par Khalil Hachimi Idrissi, directeur de la publication d'Aujourd'hui Le Maroc et président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux ( FMEJ). Le débat a été ouvert par la ministre de la Santé, Yasmina Baddou, qui a mis en exergue les acquis concrétisés par la femme marocaine dans différents domaines. La ministre de la santé a relevé que «les femmes sont aujourd'hui bien intégrées dans le processus de prise de décision, notamment dans le champ politique où elles apportent plus de crédibilité et de légitimité». Par la suite fut abordée la question des quotas. Les participants ont relevé que ce système constitue une première étape, nécessaire, pour ouvrir la porte politique aux femmes. Ces derniers ont concentré leur réflexion sur les conditions dans lesquelles le système des quotas doit être instauré, de même que sur la pérennisation de la place des femmes en politique, une fois celles-ci entrées dans l'arène. Lors de la matinée du samedi, la parole a été donnée aux jeunes du Mouvement du 20 février , à des militants associatifs et à des blogueurs marocains et tunisiens. Lors du débat sur «La jeunesse arabe au rendez-vous de la citoyenneté», les intervenants ont examiné entre autres de quelle manière l'éducation influe sur la façon dont les jeunes vivront leur citoyenneté, et sur la place et les moyens d'expression que la société leur donnera. L'objectif principal de ce panel était de pouvoir réfléchir sur la construction d'une identité citoyenne par le biais de l'éducation. Les témoignages apportés par les jeunes militants associatifs marocains et tunisiens ont mis l'accent sur l'esprit civique comme une valeur encore mal comprise et assimilée et sur l'urgence de placer le système éducatif au cœur du dispositif menant vers la citoyenneté. La journée du dimanche a été consacrée au panel portant sur «Femmes et religion». Le débat a porté sur la vision de la femme véhiculée par la religion. Les intervenants se sont interrogés sur la question de savoir si les évolutions religieuses peuvent constituer des leviers de modernisation de la situation des femmes. A l'issue de trois jours de débats et de réflexion, plusieurs recommandations ont été adoptées notamment l'inscription de la parité et des quotas dans les textes , la création d'un conseil national pour l'égalité hommes-femmes, la mise en place d'un observatoire pour contrôler la parité et la création d'un service civique obligatoire.