Il l'aimait. Mais quand il a découvert qu'elle n'aimait que son argent et non pas lui, il a décidé de se venger. Armé d'un couteau, il lui a asséné plusieurs coups et s'est présenté à la police. Il est encore jeune, la trentaine. Charmant, il porte un pull noir, une jacket en cuir marron et un pantalon bleu jean. Il semble être perturbé au point qu'il n'arrive pas à fixer ni le président de la Cour ni ses deux assesseurs. Mais, il tourne à chaque fois ses regards vers l'assistance comme s'il cherchait quelqu'un. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Ce jeune qui semble être perturbé se tient au box des accusés. Sans aucun doute, il n'a jamais imaginé être dans un pareil état. En fait, ses proches et ses amis qui viennent assister à son procès attestent qu'«il était un jeune toujours souriant, qui aime la vie, sans problème et jouissant d'une bonne réputation». Après avoir décroché sa licence, il a été recruté, comme cadre, dans une entreprise installée dans la capitale économique. «Personne n'a jamais imaginé qu'un cadre, bien rémunéré, comme Nabil, finirait au box des accusés», murmurent son ami et son collègue qui viennent pour le soutenir lors de son procès. Et il répond en même temps : « C'est le destin ». Est-ce le destin qui a mis sa victime sur son chemin, lui qui rêvait d'être un grand cadre, qui l'a jeté dans le gouffre de l'amour, et qui l'a rendu enfin un criminel sans scrupule ? Le mis en cause le confirme devant la Cour quand le président l'a interrogé sur la raison pour laquelle il a commis son meurtre. Le meurtre de sa bien-aimée ! L'histoire a commencé quand il a mis ses pieds dans l'ascenseur de l'immeuble où se situe le siège de l'entreprise qui l'a recruté. Là, les battements de son cœur ont doublé quand ses regards ont croisé ceux d'une belle jeune fille. Il s'est planté devant elle au point qu'il a oublié qu'ils étaient dans un ascenseur. C'était le coup de foudre ? Sans aucun doute. Il ne lui a pas adressé, cette fois-ci, la moindre parole. Mais, lors de la deuxième rencontre, il lui a parlé. Il lui a exprimé ce qu'il avait ressenti lorsqu'il l'avait vue la première fois dans l'ascenseur. L'a-t-elle cru ? Peut-être. Mais, pour lui, peu importe la réponse. Ce qui était important c'est qu'elle accepte son invitation pour prendre ensemble un café ensemble. Elle l'a acceptée facilement. Il lui a révélé son amour et son rêve de continuer ensemble le chemin de la vie. Ses paroles étaient sincères. «Je l'aimais, M. le président. Je répondais à toutes ses demandes. Je ne lui ai jamais dit non», affirme le jeune mis en cause. Pour lui, elle l'aimait également. «Elle m'a exprimé son amour. Je la croyais», précise-t-il devant la Cour. Mais, pourquoi l'a-t-il tuée? «J'ai remarqué qu'elle profitait de moi matériellement. C'est l'argent qui l'intéressait et non pas moi», a-t-il ajouté lors de son interrogatoire. À chaque fois, elle lui demandait une somme d'argent. Il lui donnait sans protester. Un comportement qui le gênait. Surtout lorsqu'il a remarqué qu'elle ne s'intéressait pas à lui, mais à son argent. Quand il lui a fait la remarque, elle lui a révélé qu'elle n'a rien à faire avec lui s'il n'avait pas d'argent. C'était le choc. Il n'a jamais imaginé entendre une telle réponse. Oserait-elle aller chez n'importe quel autre homme s'il ne dispose plus, lui, de l'argent nécessaire pour répondre à ses besoins ? Sans aucun doute. C'est pourquoi, il a déduit qu'elle pouvait le faire, à n'importe quel moment. En conséquence, il a décidé de ne plus la laisser à un autre homme. Comment ? En la tuant. Pour passer à l'acte, il lui a téléphoné et lui a demandé de le rejoindre à son appartement. Quand elle l'a rejoint, il lui a asséné plusieurs coups de couteau et s'est présenté de son plein gré à la police. Verdict : Vingt-cinq ans de réclusion criminelle.