Abdelhak et Khadija étaient inséparables. Mais la jalousie du jeune homme a tellement détérioré leurs relations que leur amour s'est terminé dramatiquement. Abdelhak a trente ans. Depuis trois ans, il est chauffeur d'un grand taxi. Il est actif, souriant et aimable. Son seul vice est son fort penchant pour la boisson. Il ne se contente jamais de quelques verres,et abuse de l'alcool au point qu'il en devient parfois insupportable. Ses parents et ses frères et sœurs lui conseillent de temps en temps, de cesser de s'enivrer, de se consacrer à son travail. Mais ils prêchaient dans le désert, car, fatigué des remontrances de sa famille, Abdelhak décide de s'en éloigner et de louer une chambre à Berrechid. Là, il a la liberté de faire tout ce qu'il désire, loin de ses parents et ses voisins de quartier à Casablanca. Il cesse de fréquenter les bars et il rentre chez lui en fin de journée, s'enivrant loin des yeux des gens et du brouhaha des débits de boissons. Souvent seul, de temps à autre, il invitait des amis chez lui. Au fil des mois, il a commencé à fréquenter Khadija, qui venait lui rendre visite. Cette belle jeune fille de 18 ans travaille dans une usine. Sa beauté séduit tous les jeunes hommes de son quartier, ainsi que ses collègues. Elle a une force de séduction qui ne laisse personne indifférent. Abdelhak ne fait pas exception. Quand elle monte, la première fois, dans son taxi, il en reste bouche-bée. Il n'en croit pas ses yeux et il n'ose pas lui adresser la parole. Et depuis, il fait tout son possible pour croiser son chemin et pour qu'elle devienne «sa» cliente. Au fil des jours, il sent qu'il est pris dans les filets de l'amour et il décide de lui exprimer ses sentiments. D'une tentative à l'autre, elle finit par céder. Elle croit à cet amour, matérialisé par des regards brûlants. Elle a déjà entendu tant de propos mielleux. Cependant, les mots de Abdelhak sont aussi mielleux que sincères. Au fil des semaines, leurs rencontrent se multiplient tellement que les voisins croient avoir affaire à un couple de jeunes mariés. Ils commencent à se voir dans la chambre de Abdelhak et à y passer la nuit. Un grand et vrai amour les unit. Ils se promettent de se marier. Et ils attendent l'occasion propice. Les semaines et les mois se suivent et leur amour grandit au point que Abdelhak n'aime plus la voir adresser un sourire à un voisin, ni converser avec un collègue. La jalousie commence à lui ronger le cœur. Les explications de la jeune fille, qui se veut rassurante, «entrent par une oreille et sortent par l'autre». Elles ne peuvent rien contre la jalousie qui devient de plus en plus destructrice. Trois ans plus tard, il ne peut supporter son comportement avec ses collègues et ses voisins. Quand elle l'accompagne, un jour du mois de mars, chez lui, elle ne peut se douter que les choses tourneraient mal. Abdelhak commence à se soûler. D'un verre à l'autre il lui reproche ses conversations et ses sourires avec ses collègues. Elle tente de lui expliquer une énième fois qu'elle travaille avec des hommes et des femmes et qu'elle passe la journée avec eux. En vain. La jalousie le rend sourd, le ronge, ne le laisse rien comprendre, lui détruit le cœur au point que Khadija en arrive à douter de ses sentiments pour lui. Durant toute la nuit, il ne cesse de lui faire des reproches au point qu'il n'arrive plus à contrôler ses nerfs. Soudain, il lui assène des coup de poing et de pieds. Elle crie, pleure et demande du secours. Hors de lui, il se saisit d'un couteau et lui assène un coup sur la nuque comme s'il avait l'intention de l'égorger. «Je regrette mon acte… Je l'aime et je n'ai jamais pensé la frapper ou la tuer » , dit-il aux enquêteurs, quand il est arrêté par la police. Quant à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Settat, elle a pris en considération le désistement de Khadija et a condamné Abdelhak à trois ans de prison pour coups et blessures.