Âgé de vingt-six ans, il est prostitué masculin dans la ville ocre. Quand un client a refusé de le payer, il lui a fracassé la tête avec une pierre, lui a enlevé le pantalon et les espadrilles avant de lui ligoter les pieds et prendre la fuite. Nous sommes dans la ville ocre, Marrakech. Et plus précisément, au douar El Koudia, situé à Jbel Guéliz, à l'autre partie de la nouvelle rocade routière qui fait la jonction entre, d'une part, l'Institut français de Marrakech et le quartier Semlalia et d'autre part le lycée Hugo et le Petit Marché. C'est là que, récemment, le cadavre d'une personne a été découvert, gisant dans une mare de sang, présentant une grave blessure au niveau de la partie arrière de son crâne et deux autres en plein visage. Les pieds nus et ligotés, le cadavre a été retrouvé sans pantalon. Alertés, les éléments de la police judiciaire se sont dépêchés sur les lieux, ont effectué le constat d'usage et ont entamé la collecte d'informations relatives au cadavre découvert. En fait, ils sont arrivés à l'identifier. Il s'agit d'un employé dans la construction de bâtiments, âgé de trente-huit ans, célibataire, demeurant dans un douar du quartier Lakchali, situé près du lieu de la découverte macabre. Qui l'a tué? Et pourquoi ? Les investigations menées par les limiers de la ville ocre ont révélé que le défunt était un homosexuel. Elles leur ont permis même d'identifier la personne qui était, la veille, en sa compagnie. Qui est-elle ? Il s'agit d'un jeune homme, A. H, âgé de vingt-six ans, célibataire et sans profession. Sans famille, ce natif de Casablanca avait passé la majorité de son enfance et de son adolescence dans une maison de bienfaisance située à Aït Ourir, à plus d'une trentaine de kilomètres de la ville ocre. En fait, il l'a quittée de son plein gré pour rejoindre le monde des SDF. Le besoin d'argent pour survivre et la mauvaise fréquentation l'ont poussé à se jeter dans le gouffre de la prostitution masculine. Occupant une partie d'un garage abandonné situé au quartier El Badie, il fréquentait, la nuit, les boîtes de nuit et les grandes boutiques du quartier Guéliz en quête d'un client désirant partager avec lui le même lit contre une somme d'argent. D'abord, c'était ce quartier que les détectives ont ciblé au début de leur enquête. Une cible qui a donné rapidement ses fruits puisque le jeune homosexuel y a été interpellé, quelques heures plus tard. C'était en face du siège de la radio régionale qu'il a été arrêté. Rapidement, les enquêteurs ont remarqué des taches de sang qui maculaient ses chaussures noires. D'où provenaient-elles ? Facilement, il a craché le morceau et il a avoué qu'elles proviennent du crime qu'il avait commis il y a quelques heures. Pour quel mobile l'a-t-il tué ? Prostitué masculin, il cherchait chaque nuit un client avec qui il peut coucher contre une somme d'argent. Bref, il a rencontré la victime qui cherchait également un jeune avec qui elle devait passer la nuit. En fait, après le marchandage, ils se sont mis d'accord sur la somme de cent cinquante dirhams. Tous les deux sont allés à Hay Hassani où ils ont acheté, chez un guerrab, marchand de boissons alcoolisées sans autorisation, de deux quarts de litre de mahia, eau-de-vie. La seconde direction ? C'était douar El Koudia. Là, ils ont commencé à s'enivrer. Ils ont même couché à la belle étoile. Et quand le prostitué masculin a réclamé les cent cinquante dirhams, la victime a refusé de les lui donner . Hors de lui, le prostitué a saisi une pierre et lui a asséné un premier coup au niveau de la partie arrière de son crâne, puis deux autres coups en plein visage. S'apprêtant à se sauver, la victime s'est retrouvée, une fois encore, entre les mains du prostitué qui lui a enlevé le pantalon et les espadrilles avant de lui ligoter les pieds et partir avant d'être arrêté.