La France, la Grande-Bretagne et le Liban ont déposé une résolution au Conseil de sécurité afin d'élargir le champ des sanctions contre le régime libyen. Saif al-Islam Kadhafi, l'un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, affirme que la Libye a contribué au financement de la campagne de Nicolas Sarkozy et demande au président français qu'il «rende l'argent». L'Elysée a aussitôt démenti ces informations. «C'est nous qui avons financé sa campagne», déclare Saif al-Islam Kadhafi dans un entretien à un journaliste de la chaîne Euronews. Et il assure avoir «tous les détails» et les documents pour le prouver. «On révélera tout prochainement», promet-il dans cette interview diffusée mercredi. «La première chose que l'on demande à ce clown, c'est qu'il rende l'argent au peuple libyen», ajoute-t-il. Il répondait à une question du journaliste sur son opinion sur Nicolas Sarkozy, premier chef d'Etat à reconnaître, la semaine dernière, le Conseil national libyen de transition (CNLT), le gouvernement provisoire formé par l'opposition à Benghazi. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé devait se rendre jeudi au siège des Nations Unies à New York «dans la perspective du vote de la résolution sur la Libye», annonce le Quai d'Orsay. «Compte tenu de l'urgence dans laquelle se trouve la population libyenne, notamment à Benghazi, Alain Juppé a décidé de se rendre à New York afin d'obtenir, le plus rapidement possible, le vote de cette résolution», indique le ministère dans un communiqué. La France, la Grande-Bretagne et le Liban ont déposé une résolution au Conseil de sécurité afin d'élargir le champ des sanctions contre le régime libyen et d'ouvrir «la voie à une utilisation des moyens nécessaires pour stopper l'offensive» de Mouammar Kadhafi, précise le Quai d'Orsay. Alain Juppé a affirmé mercredi que «plusieurs pays arabes» étaient prêts à participer à une action militaire en Libye. Réunis mardi à Paris, les ministres des Affaires du G-8 n'ont pas réussi à s'entendre sur une intervention militaire de la communauté internationale en Libye. Ils s'en étaient remis au Conseil de sécurité de l'ONU pour prendre de nouvelles sanctions contre Tripoli. Par ailleurs, les forces de Mouammar Kadhafi pilonnaient mercredi celles de l'opposition, tant dans l'est que dans l'ouest du pays, le maître de Tripoli intensifiant son offensive pour reprendre le contrôle de la Libye. Parallèlement, à l'ONU, le Conseil de sécurité discutait d'arrache-pied de l'éventualité de la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne. En Libye, les bombardements se poursuivaient sans répit sur Ajdabiya, ville de 140.000 habitants, nœud routier et point d'approvisionnement stratégique pour la rébellion, et verrou de l'est. La chute d'Ajdabiya, totalement encerclée, ouvrirait en effet le chemin de Benghazi, bastion de l'opposition, et risquerait de sonner le glas de l'insurrection. Misrata, dernière ville tenue par l'opposition dans l'ouest, était elle aussi la cible des tirs des forces gouvernementales depuis mercredi matin, selon le porte-parole de l'opposition à Misrata, Saadoun al-Misrati. Les communications y ont également été coupées. «Les gens sont furieux. Ils attendent avec impatience une action internationale», déplorait-il. «Ce que Kadhafi fait, c'est d'exploiter le fait que la communauté internationale traîne les pieds», a-t-il ajouté. Mardi soir, s'adressant à Tripoli à un petit groupe de partisans, Kadhafi a qualifié les rebelles de «rats» et s'en est pris à la communauté internationale : «ils veulent le pétrole libyen», a-t-il accusé.