Que peut-il faire pour donner cette impression de reprendre la main et éviter la cauchemardesque hypothèse de ne pas pouvoir atteindre le second tour ? Nicolas Sarkozy n'a en réalité que trois solutions. Maintenant que Marine Le Pen confirme, sondage après sondage, son ascension électorale et semble être en mesure de réaliser ce dont son père Jean-Marie Le Pen a toujours rêvé, tous les regards sont concentrés sur un seul homme, Nicolas Sarkozy. Que doit-il faire, que peut-il faire pour donner cette impression de reprendre la main et éviter la cauchemardesque hypothèse de ne pas pouvoir atteindre le second tour ? Nicolas Sarkozy n'a en réalité que trois solutions. La première est d'entonner petit à petit un chant républicain en appelant toute sa famille politique, la droite et le centre, à se souder autour de lui, en jouant sourdement sur la peur et la dramatisation pour faire barrage à une hémorragie des voix qui profitera à l'extrême droite. Cette hypothèse semble être confortée par la soudaine et étrange pacification que connaît sa relation avec un homme comme Dominique de Villepin rencontré deux fois en l'espace de quinze jours après s'être bruyamment promis de le «pendre sur un croc de boucher». Elle est davantage confortée par les nombreuses déclarations du premier cercle de Nicolas Sarkozy de rester sur une posture chiraquienne et de ne faire aucune proposition d'accord avec le Front National. La seconde solution pour Nicolas Sarkozy est de pousser à son avantage l'art et la technique de capter l'héritage de l'extrême droite. Recette qui lui a porté bonheur en 2007. Cela se traduit concrètement par une mise en valeur encore plus aiguë des thématiques chères au Front National pour avoir l'occasion de démontrer que lui, Nicolas Sarkozy, peut agir et prendre des décisions là où la concurrence se limite à l'incantation et à la vitupération. Cela veut dire que Nicolas Sarkozy rentrera, dans l'année électorale qui nous sépare de l'échéance de 2012, dans une surenchère sur la place de l'Islam, de l'immigré dans la société française. Le danger de cette stratégie réside dans cette interrogation : que peut-il dire de suffisamment pertinent et convaincant pour empêcher les déçus de la droite et de la gauche de grossir les rangs du Front National ? La troisième solution qui s'offre à Nicolas Sarkozy au lendemain du sacre de Marine Le Pen par les sondages est de continuer à mixer droite sociale et droite dure, à jouer les docteurs Jekyll et M. Hide de la politique française. D'ailleurs, il vient de vivre deux grands instants de ce manichéisme politique sur des sujets qui touchent le cœur de la stratégie électorale du FN. A l'Assemblée nationale, les centristes sont parvenus à expurger la nouvelle loi sur l'immigration de sa mesure-phare, celle qu'en pleine moiteur de l'été, Nicolas Sarkozy avait promise à grand bruit, c'est-à-dire la déchéance de nationalité pour les tueurs de flics et de gendarmes. Face à ce qui s'apparente aussi bien à un recul qu'à un désaveu, une députée UMP, Chantal Brunel, créa la surprise en prononçant des phrases que ne nieraient pas le plus radical des frontistes : «Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux!». Et l'on voit bien à quel point Nicolas Sarkozy se trouve à quatorze mois d'une présidentielle incertaine sur le fil du rasoir. Plombé par les sondages, mordu à la jambe par le Front National, il lui faut énormément d'inspiration, beaucoup de courage et de créativité, une baraka certaine pour pouvoir remonter une pente aussi raide.