Les observateurs ont cru déceler dans cette brusque montée de fièvre de la droite contre DSK une volonté de roder des éléments de langage contre celui que les sondages considèrent comme le plus dangereux challenger de Nicolas Sarkozy en 2012. À peine avait-il esquissé un mouvement en direction des primaires socialistes que Dominique Strauss-Kahn fut l'objet d'une violente salve d'attaques venant de la droite. Un tir concentré qui a pour objectif immédiat de démystifier une posture, d'éradiquer un vernis, de fendre un halo. Dans un élan presque coordonné, les critiques pleuvaient de partout crucifiant DSK sur un stand de tir. De Christian Jacob, patron des députés UMP qui lui reproche d'être un bourgeois bohême (bobo), d'être presque étranger à la réalité du terroir français, au secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche qui lui reproche d'incarner la gauche ultra caviar ou même Brice Hortefeux pour qui DSK «qui est aujourd'hui loin de la France (n'est) pas forcément le mieux placé pour connaître les problèmes des Français au plus près». Nouveauté du moment : ces attaques dans lesquelles des amis de Dominique Strauss-Kahn ont cru humer des relents antisémites se passent sous l'œil bienveillant de Nicolas Sarkozy et François Fillon. Les observateurs ont cru déceler dans cette brusque montée de fièvre de la droite contre DSK une volonté de roder des éléments de langage contre celui que les sondages considèrent comme le plus dangereux challenger de Nicolas Sarkozy en 2012. Il s'agit de tester un argumentaire en tirant des coups à balles réelles pour voir l'effet que cela provoque sur l'adversaire. De leur côté, les amis de Dominique Strauss-Kahn se plaisent à souligner que si les principaux porte-flingues de la droite ont sorti la grosse artillerie contre Dominique Strauss-Kahn, c'est que cela dénote de la grande peur qui les saisit de le voir mener la bataille des présidentielles de 2012. Et plutôt que de le décourager ou d'approfondir son hésitation, cette campagne précoce devrait l'encourager à tenir le cap et à s'invertir dans la course. Pour cela, Dominique Strauss-Kahn devra savoir surmonter de nombreux obstacles que ses adversaires à droite lui opposent déjà : comment prétendre séduire les Français, établir un lien de confiance avec eux quand on vit un éloignement géographique et territorial digne d'un grand «jet-setteur» entre Washington et Marrakech ? Comment se débarrasser de cette image bling-bling de riche possédant qui lui colle à la peau, accentuée par les cigares lourds portés sur les photos et les grosses montres ? On prête à Nicolas Sarkozy une phrase qu'il aurait prononcé en mai 2010 : «Ma montre à côté de la sienne apparaîtra comme un vulgaire modèle» et que comparé à Dominique Strauss-Kahn, lui, Nicolas Sarkozy, le parfait président bling-bling passerait par «un pasteur méthodiste». Face à ces attaques concertées, les amis de DSK ont tenté de répondre sur deux registres. Le premier est celui de la dramatisation qui consiste à crier au loup antisémite qui se terre dans les déclarations aux relents des années 30-40 de Christian Jacob baptisées pour l'occasion par «le Canard Enchaîné» «Ravi Jacob». Le second est celui de l'humour sur le mode suivi par Jean-Christophe Cambadélis, un proche du patron du FMI qui estime que DSK incarne la gauche couscous plutôt que la gauche caviar. Le seul gain que peut tirer DSK de cette accélération de la droite contre lui, c'est qu'elle peut l'immuniser pendant quelques temps contre les attaques en provenance des adversaires de son propre camp, obligés ou de se taire ou de le défendre.