La circulation de la parole, le débat, la controverse, la liberté de ton, la faculté de confronter les opinions…sont réels chez nous et ceci constitue vraisemblablement l'une de nos spécificités par rapport aux sociétés auxquelles nous sommes comparables. Pour illustrer mon propos, je voudrais prendre en exemple les deux «forums» auxquels j'ai pu participer à quelques jours d'intervalle. Le premier était initié à l'occasion du Smap Road Show qui faisait escale la semaine dernière à Bruxelles et le second se tenait ce vendredi à Casablanca à l'initiative du Lions Club Maroc. La communauté marocaine en Belgique est très nombreuse et plus de 45.000 de nos compatriotes se sont pressés dans les allées, les stands, les concerts que leur proposait le Smap. Fait appréciable c'est qu'ils étaient également très nombreux à venir à «l'Espace Conférence » voulu par les organisateurs de l'événement qui avaient eu l'excellente idée de programmer des discussions qui allaient de «La régionalisation au Maroc» aux «Relations Europe-Maroc» en passant par «Les Belgo-Marocains» ou encore «Les nouveaux espaces d'expression au Maroc»… La soif de nos compatriotes de Belgique de débattre, d'échanger, de questionner s'est révélée intarissable et les intervenants tels le ministre Taoufik Hejira, l'ambassadeur Samir Addahar, l'écrivain Fouad Laroui ou encore le professeur universitaire M.El Ouali, le DG de Hit-Radio Younes Boumehdi et le P-DG de Sapress Mohammed Berrada en ont été les acteurs qui ont passé des heures à dialoguer avec les Marocains de Belgique. Là où l'actualité nous a rattrapés c'est tout particulièrement lors du débat sur «Les nouveaux espaces d'expression au Maroc» où alors que nombre de pays verrouillent Internet et mettent les médias sous l'éteignoir, Younes Boumehdi a pu mettre en évidence les lieux de discussion que sont les émissions participatives – les émissions de Libre Antenne- des radios privées, ou encore Facebook et Twitter où la jeunesse s'investit massivement. Alors bien sûr la liberté de parole ne va pas sans heurts, des dérapages existent, la Haca ne parvient pas encore à se fixer «un curseur» crédible mais chez nous la jeunesse s'exprime, elle dit ses maux, ses espoirs, ses attentes, elle interpelle, elle apostrophe ! Ecoutez donc les paroles de nos chanteurs de «la nouvelle scène» pour vous en convaincre… Quant au Symposium National organisé par le Lions Club International District 416 Maroc, il a permis à une salle pleine d'écouter et de débattre, durant toute une journée, un panel d'intervenants d'une rare qualité qui allait de Ahmed Herzenni à Abdeslam Aboudrar en passant par Driss El Yazami, Latifa Jbabdi, Nouzha Skalli ou encore Abdelouahed Souhail et Karim Tazi… Si je devais ne garder que quelques moments forts de ces débats au thème ô combien d'actualité «Bénévolat et citoyenneté : pour une Nation solidaire», je reprendrai une phrase telle celle de Nouredine Sail : «la culture, une arme fatale contre la dictature !», ou bien le plaidoyer intelligent de Ali Bouabid sur l'INDH ou encore l'appel vibrant de Mohamed El Gahs pour un «Service civique»… Alors si parler «d'exception Marocaine» ne rime pas à grand-chose, affirmer que cette façon qu'ont les marocain(e)s d'investir les espaces d'expression, cette faculté qu'à notre jeunesse à «lâcher» sa parole, représentent un atout considérable, est crédible. Cela nous confère d'ailleurs une responsabilité d'autant plus grande !