L'autoritarisme, c'est le premier ennemi de l'autorité. Les dirigeants arabes sont sommés de méditer cette sentence. Les peuples arabes sont comme las d'être indignes de la démocratie. Ils sont las de cet autoritarisme oriental dont la marque de fabrique est d'être affable pour usage extérieur et féroce pour l'intérieur. Ils sont las de ces pouvoirs sans contrôle si ce n'est celui qui s'applique aux populations de manière policière et paranoïaque. Ils sont las des ces pouvoirs sans partage si ce n'est, de manière outrageusement indécente, avec le clan ou la tribu. Ils sont las de ces pouvoirs sans limites qui sont allés jusqu'à faire de la République une closerie familiale. Pas plus que l'autoritarisme tunisien, le césarisme égyptien n'a vu prospérer l'exaspération du peuple. Si gouverner, c'est prévoir, les exemples de Ben Ali et Moubarak resteront dans l'histoire comme des modèles d'autisme et de cécité. Ils n'ont rien vu venir. Aveuglement de la vanité. L'un, Ben Ali, vient du corps de police tandis que l'autre, Moubarak, provient de l'armée où il perpétuait la légende des «officiers libres». Dans les deux cas, ils sont des professionnels de l'ordre et de l'autorité. Tous deux en ont abusé jusqu'à la lie. L'un et l'autre surfaient sur la peur islamiste pour se permettre toutes les avanies. L'un et l'autre en étaient à leurs cinquièmes mandats consécutifs où ils se faisaient réélire dans des scrutins loin d'être démocratiques. Ils n'ont eu de cesse, l'un et l'autre, de tripatouiller la Constitution pour la tailler à leur mesure quand ils ne complotaient pas pour que leurs descendances ou leurs familles leur succèdent. Il y a une image terrible, elle circule sur le net. On y voit, comme si on assistait à son vieillissement, cinq photos de Moubarak avec en face de chacune d'elle les cinq présidents américains qui se sont succédé depuis 1981 : Regan, Bush, Clinton, Bush junior, Obama. Sans tenir compte de ceux qui ont fait deux mandats. Enfin, pour l'autoritarisme, Facebook et Twitter sont des inventions pernicieuses. Révolu le temps où le livre était censuré pour lutter contre les idéologies et pour mieux consolider l'obscurantisme et le maintien des peuples dans le mensonge. Facebook et Twitter sont difficilement censurables. Ils ne sont pas porteurs d'idéologie si ce n'est celle qui leur est consubstantiel comme la modernité ou la mondialisation. Autrement, il demeurent de simples véhicules. Ils se contentent de faire circuler l'information nécessaire, le mot d'ordre utile, le rendez-vous décisif et le slogan qui tue. Avec ces deux outils, tout est propice à la nudité.