Il lui a exprimé son amour. Seulement, tout est mensonges. La preuve n'est autre que cet après-midi quand il lui a mis un somnifère dans un jus et l'a violée au studio de son ami. Comme à l'accoutumée, Nadia se rend à l'entreprise qui l'a embauchée il y a deux ans. Sur son chemin, elle croise un jeune homme qui lui chuchote quelques mots mielleux. Elle feint de ne pas l'écouter, elle ne lui a même pas accordé un regard. Et elle se contente de poursuivre son chemin, la tête baissée. Le jeune l'a laissée tranquille. Une semaine plus tard, il la croise une fois encore. Il s'appelle Saïd. A son vingt-huitième printemps, il est un employé qui gagne dignement sa vie. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Se tenant un peu plus loin du perchoir, elle se souvient de cet après-midi de ce jour dont elle ne retient plus la date précise. Au box des accusés, se tient Saïd, il écoute le témoignage de Nadia sans la fixer des yeux. Le lendemain, à la même heure, il se plante devant elle. Il lui demande de lui accorder quelques secondes pour lui exprimer ce qu'il ressent. Cette fois-ci, Nadia l'écoute jusqu'au bout et il lui semble être de bonne foi. Il gagne sa confiance. Une conversation s'engage et le courant semble être passé entre les deux. Au fil des jours, elle finit par lui céder et l'accompagner au studio d'un ami. Leur relation se développe. Ils se rencontrent souvent durant chaque semaine. Il lui promet monts et merveilles. Il ne cesse de lui exprimer son amour fou. Depuis, elle ne rêve que de lui. Dès qu'ils le peuvent, ils se réfugient dans leur nid d'amour et profitent ensemble de quelques moments. Trois mois passent en un clin d'œil. Et ils se comportent comme mari et femme. Un dimanche, ils sont au studio. Pleins de joie, ils bavardent. Saïd lui réexprime son amour et Nadia semble être ravie d'écouter ces mots qui lui vont droit au cœur. Vers midi, le couple commence à déjeuner et une demi-heure plus tard, Nadia perd connaissance. Que lui est-il arrivé ? Saïd ne semble pas s'en inquiéter puisqu'il s'y attendait. Il avait préparé son coup. A son réveil, elle s'aperçoit que Saïd l'a déflorée. Elle reste bouche bée, elle ne savait ni quoi dire ni quoi faire. «Mentait-il et pourquoi?» pense-t-elle. Quant à lui, il se contenta de lui assurer qu'il l'épousera . Il faut uniquement attendre l'occasion propice, lui explique-t-il. De quelle occasion parle-t-il ? Un tas de questions sans réponses se bousculent dans la tête de la jeune fille. Il ne veut pas lui avouer qu'il a mis un somnifère dans son jus. Et il tente de la convaincre qu'elle s'est donnée à lui de son plein gré. Elle n'arrive pas à trouver d'explication et fond en larmes. Il la raccompagne jusqu'au seuil du studio et lui assure qu'il l'épousera «le plus tôt possible». Comment arriver à le croire ? Elle cherche la solution tout au long du chemin qui la mène chez elle. Mais en vain. Une semaine plus tard, elle décide de se confier à sa mère. Hors d'elle, celle-ci la frappe violemment, puis cherche Saïd, pour lui demander de réparer le déshonneur subi par sa fille. Saïd refuse. Il lui explique que Nadia l'a laissé faire de son plein gré. Ni Nadia ni sa mère ne supportent ces paroles. Nadia porte plainte. Saïd est arrêté. Parce que les enquêteurs sont convaincus que Saïd avait mis un somnifère dans un jus que Nadia a bu. Les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel ont pris ce comportement en considération et ont jugé Saïd coupable. Seulement, ils l'ont fait bénéficier des circonstances atténuantes et l'ont condamné à deux ans de prison ferme.