Plusieurs eurodéputés ont regretté le manque de discernement ainsi que la précipitation avec laquelle le Parlement européen a adopté une résolution impartiale et injuste contre le Maroc au sujet des événements sanglants de Laâyoune. Au sein du Parlement européen, il n'y a certainement pas que des eurodéputés et des groupes politiques hostiles au Maroc. La résolution tendancieuse adoptée par le Parlement européen (PE), jeudi 25 novembre, à Strasbourg, à propos des événements sanglants de Laâyoune, a été fortement critiquée par plusieurs eurodéputés de différentes nationalités et sensibilités politiques. Ainsi, plusieurs voix s'étaient élevées à la veille du vote de ce texte, pour appeler les différentes composantes du Parlement européen à ne pas se précipiter et à prendre le temps nécessaire pour réunir les informations complètes sur ce qui s'est passé, lundi 8 novembre, à Laâyoune. Parmi ces voix, figure en premier lieu celle de Gilles Pargneaux, député européen, membre du groupe des Socialistes et Démocrates (S&D) (voir sa lettre ci-dessous). Au cours du mois de septembre dernier, rappelons-le, M. Pargneaux avait effectué une visite dans les provinces du Sud dans le cadre d'une délégation de sénateurs français. En marge de cette visite, il avait affirmé, dans un entretien accordé à ALM, dans l'édition N°2281, que «l'adhésion des populations locales au projet d'autonomie du Sahara marocain est réelle et porteuse d'espoir». «J'ai observé une forte mobilisation des acteurs locaux pour le développement de Laâyoune et du Sahara en général. J'ai rencontré des élus locaux de toutes sensibilités politiques qui m'ont confirmé que les Sahraouis n'avaient qu'un seul objectif : mettre en œuvre le statut d'autonomie pour assurer non seulement le développement économique et social du Sahara mais aussi permettre la sécurisation de la région», avait-il souligné. L'eurodéputée Rachida Dati a également déploré la résolution du PE adoptée de manière précipitée sur les incidents de Laâyoune. Dans un entretien accordé à ALM, dans l'édition N°2317, Mme Dati a indiqué que «certains groupes politiques au Parlement européen vont parfois un peu trop vite et ne prennent pas le temps de considérer l'objectivité des faits qu'on leur rapporte». «J'ai beaucoup parlé avec mes collègues députés, pour expliquer ce qui s'était réellement passé à Lâayoune. Je leur ai demandé de prendre le temps de la réflexion, de considérer les faits et de ne pas demander le vote de la résolution qui était initialement prévu en décembre. Ce vote a été avancé sans raisons apparentes et donc nous n'avons pas eu le temps d'éclairer l'ensemble des députés sur la situation réelle loin des mensonges», a fait observer la députée européenne, ajoutant que «Je connais très bien le Maroc, et la tempérance des autorités marocaines, pour ne pas croire un instant les contrevérités qu'on nous a rapportées». Pour sa part, Frédérique Ries, députée européenne du groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE), est allée encore plus loin en soulignant que cette résolution «fait honte» à cette institution européenne. Cette dernière s'est dite, dans une déclaration à la presse, «consternée» par la précipitation et le manque de discernement avec lesquels le Parlement européen a voté un texte contre le Maroc. «Plusieurs eurodéputés ont appelé, lors du débat en plénière de l'Assemblée européenne à Strasbourg avant le vote de ce texte qui manque d'équilibre et d'impartialité, à prendre le temps nécessaire pour réunir les informations complètes avant de se prononcer sur les événements survenus le 8 novembre à Laâyoune», a souligné Mme Reis. Même son de cloche est relevé chez un autre parlementaire européen. Dominique Baudis du groupe PPE, a estimé que «le Parlement européen devait faire preuve de discernement et ne pas suivre la propagande pro-Polisario comme il l'a fait par sa résolution partiale et injuste envers le Maroc». «Quand on regarde attentivement les images disponibles sur Internet, on mesure le degré de violence qui s'est exercé contre les forces de l'ordre marocaines, lors du démantèlement du campement Gdim Izik et les actes de vandalisme qui ont suivi dans les rues de Laâyoune», avait-il relevé avant le vote de la résolution. Lettre au directeur Je vous écris en réaction à votre éditorial du jeudi 2 décembre consacré à la résolution du Parlement européen sur les événements de Laâyoune. Vous me citez, en faisant référence au site du Parlement européen, comme un des eurodéputés français ayant voté en faveur de la résolution. J'aimerais démentir cette information. Même, s'il est vrai que le contexte confus dans lequel elle a été votée et la technicité du processus décisionnel du Parlement européen ont pu contribuer à cette analyse. Si mon nom figure sur la résolution du groupe parlementaire Socialistes et Démocrates, auquel j'appartiens, c'est parce que j'ai contribué par mes différentes propositions d'amendements à minimiser la portée de cette résolution. Cette participation au processus de négociation, afin d'assouplir la position du Parlement, s'est logiquement traduite par mon paraphe de la résolution adoptée au sein de mon groupe politique. Dans la phase finale, au moment du vote en plénière de la résolution en présence de tous les groupes politiques, je me suis opposé à la proposition de résolution qui a été adoptée. J'ai proposé un grand nombre d'amendements qui ont conduit cependant à rendre la résolution finale moins virulente que la proposition initiale. Et dans la mesure où il n'y a pas eu d'appel nominal, vous n'avez pas la possibilité de nommer expressément les personnes qui ont voté pour ou contre, ce que vous faites dans votre article. Je tiens donc à certifier que j'ai voté contre au moment du vote à main levée. Comme l'attestent un communiqué de presse et un lien vidéo (disponible sur mon blog : www.gillespargneaux.typepad.fr), que j'ai diffusé auprès de mes collègues députés pour leur montrer une autre version des faits sur les événements de Laâyoune, j'ai œuvré sans relâche pour que les parlementaires européens ne condamnent pas le gouvernement marocain. J'avais en effet l'intime conviction que ces événements procédaient d'une stratégie de déstabilisation du front Polisario et de ses alliés pour mettre un frein au plan d'autonomie proposé par le Maroc. Je considère encore aujourd'hui, comme je le réitère dans une interview accordée à l'un de vos journalistes, Laâbid Mohamed, que le Maroc est le partenaire le plus constructif pour parvenir à un développement de la région du Sahara, ainsi que sa sécurité. Je regrette que cette position, que je défends de manière constante, ne se reflète pas mieux dans votre éditorial. En espérant que vous voudrez bien publier ce droit de réponse, je vous prie, M. Khalil Hachimi Idrissi, de recevoir l'expression de mes sentiments distingués. Gilles Pargneaux