La Chambre des représentants et la Chambre des conseillers ont appelé le gouvernement à procéder à une réévaluation globale de ses relations avec l'Espagne, suite à une motion de la Chambre des députés espagnols hostile à l'intégrité territoriale du Royaume. Les parlementaires marocains durcissent le ton contre la Chambre des députés espagnols. Les députés et conseillers ont dénoncé avec force l'attitude hostile du Parlement espagnol contre l'intégrité territoriale du Maroc. En effet, les deux Chambres du Parlement ont tenu des sessions plénières consacrées à l'examen de la motion «injuste et impartiale» adoptée, jeudi 2 décembre, par la Chambre des députés espagnols au sujet de l'affaire du Sahara. Il en ressort une condamnation claire et nette de la démarche provocatrice et haineuse du Parlement ibérique qui fait sienne les thèses des séparatistes. Dans ce sens, la Chambre des représentants a appelé, vendredi 3 décembre, à une réévaluation globale des relations maroco-espagnoles et avec l'ensemble des institutions à tous les niveaux politique, économique, sécuritaire, social et culturel. Après examen du contenu de la motion, les députés ont estimé qu'elle entre dans le cadre de manœuvres oiseuses et complots visant le Royaume. «Cette motion est partiale et hostile à l'égard du Royaume du Maroc dans ses droits souverains et historiques légitimes sur ses provinces du Sud récupérées et s'oppose fondamentalement aux intérêts supérieurs de la Nation marocaine, tout comme elle porte atteinte gravement à notre cause nationale et aux sentiments de l'ensemble des composantes du peuple marocain, tels qu'exprimés lors de la marche de Casablanca», précise la Chambre des représentants dans un communiqué. Selon le communiqué, cette motion «ne s'est pas contentée de demander au gouvernement espagnol de renforcer les relations avec le Polisario, mais est allée jusqu'à le considérer comme le représentant légitime des populations sahraouies». De la sorte, cette motion constitue, d'après les députés, «un acte inacceptable aux plans juridique, politique et historique à l'endroit du peuple marocain, et une incitation à une orientation séparatiste dont les dangers ne peuvent être occultés sur la sécurité et la stabilité de la région». «Cette motion fait, en outre, siennes les thèses des adversaires de manière aveugle et sans discernement, tant en ce qui concerne leurs allégations au sujet des droits de l'Homme et leurs tentatives d'instrumentaliser cette question pour entraver le processus politique et pervertir la mission de la «Minurso», que pour la présentation d'interprétations unilatérales basées sur de simples rumeurs tendancieuses qui font totalement fi des données objectives concernant le démantèlement du campement de Gdim Izik et des circonstances véritables ayant entouré les événements de Laâyoune, au sujet desquels des milieux politiques et des médias en Espagne ont tissé des affabulations, d'ailleurs démenties par les rapports de plusieurs organisations des droits de l'Homme jouissant de crédibilité à l'échelle internationale», précise le communiqué de la Chambre des représentants. Pour sa part, la Chambre des conseillers a appelé, samedi 4 décembre, le peuple marocain à mobiliser l'ensemble de ses forces pour la défense des causes sacrées de la Nation, particulièrement l'unité territoriale du Royaume. Dans un communiqué, les conseillers ont exhorté le gouvernement à «revoir et prendre toutes les mesures et moyens susceptibles de défendre les intérêts et l'intégrité territoriale du pays, de préserver ses acquis et de prémunir la totalité de ses choix stratégiques, notamment l'édification d'une société démocratique moderniste en tant que facteur de sécurité et de stabilité dans la rive sud de la Méditerranée». D'autre part, la deuxième Chambre a appelé le gouvernement à exhorter la communauté internationale à «ouvrir une enquête internationale sur les violations des droits de l'Homme dans les camps de Lahmada et le détournement des aides allouées, et appeler le Haut Commissariat aux réfugiés à recenser les détenus dans les camps de Tindouf et les identifier». Les conseillers ont également appelé le gouvernement à procéder à la réévaluation de ses relations avec l'Espagne, endossant au Parlement espagnol la responsabilité d'envenimer les relations entre les deux pays voisins. «La Chambre des conseillers a, par la même occasion, condamné les allégations mensongères de certains médias espagnols qui ont été saisis en flagrant délit alors qu'ils ont publié des photos émanant de scènes à Gaza et à Casablanca, dans le dessein de semer le trouble dans les esprits à travers les campagnes mensongères des ennemis du Maroc et qui ont contribué à induire en erreur l'opinion publique internationale et à empoisonner les relations entre les deux pays voisins», indique le communiqué. Les conseillers ont souligné que la position du Parlement espagnol appelle à promouvoir le «séparatisme» en considérant le Polisario comme étant le représentant légitime des habitants sahraouis, contribuant ainsi à porter atteinte à la sécurité et la stabilité et à la réalité d'ouverture, de démocratie et de liberté qui règnent dans les provinces du Sud du Royaume. Partis et syndicats dénoncent l'attitude du Parlement espagnol Les députés et conseillers marocains ont dénoncé avec vigueur la position du Parlement espagnol hostile à l'intégrité territoriale du Maroc. Dans le cadre de l'examen de la motion de la Chambre des députés espagnols vendredi à la Chambre des représentants et samedi à la Chambre des conseillers, les parlementaires ont été unanimes à affirmer que l'attitude haineuse du Parlement espagnol consacre l'esprit d'hégémonie et de colonialisme. Dans ce cadre, le groupe du Parti Authenticité et Modernité (PAM) à la Chambre des représentants a appelé, vendredi, à la suspension de tous les programmes de coopération conjointe avec l'Espagne dans les domaines de l'immigration clandestine et de lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme. Mohamed Laâraj, membre du groupe, a souligné que «l'approche colonialiste de l'Espagne demeure présente avec force», malgré le fait que le Maroc a fait de l'Espagne un partenaire privilégié et a toujours considéré que le partenariat avec le voisin du Nord est absolument nécessaire et que le niveau de ce partenariat doit évoluer en permanence. Le groupe socialiste à la Chambre des représentants a, pour sa part, estimé que la motion hostile au Maroc adoptée par la Chambre des députés espagnols consacre à nouveau «l'esprit d'hégémonie et de colonialisme». Au niveau de la Chambre des conseillers, les groupes parlementaires ont estimé que la motion adoptée par le Parlement espagnol signifie que certains milieux politiques en Espagne, à leur tête le Parti populaire (PP), gardent toujours à l'esprit leur nostalgie pour le passé colonial. Le groupe Istiqlalien de l'unité et l'égalitarisme à la Chambre des conseillers a appelé, samedi, le gouvernement et les différents acteurs politiques, médiatiques et de la société civile à mettre en place un plan d'action d'urgence face aux «manœuvres et complots coloniaux» hostiles au Maroc. Abdeslam Mansour a souligné que l'Union marocaine du travail (UMT) qualifie d'hostile au Maroc la motion adoptée par la Chambre des députés espagnols qui, dans tous les cas, n'engage en rien le Maroc. Pour sa part, Abdellah Elhalouti, de l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), a rejeté la campagne menée par certains milieux politique et médiatique espagnols contre l'unité du Maroc et sa stabilité à travers leurs positions portant atteinte aux intérêts stratégiques communs.