Selon Gilles Pargneaux, député européen, l'Etat algérien est responsable d'empêcher des actes malveillants non conformes au respect des droits de l'Homme que le front Polisario pourrait mener. ALM : Quelles impressions gardez-vous de votre visite au Maroc ? Gilles Pargneaux : C'est une visite très fructueuse compte tenu du haut niveau des responsabilités politiques qu'ont les interlocuteurs que j'ai rencontrés à l'occasion de ce déplacement de deux jours. Aussi le fait de rencontrer le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah et le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, a été pour moi un grand honneur et démontre à quel point mes interlocuteurs souhaiteraient aborder des sujets politiques hautement importants comme le processus de régionalisation avancée, le statut d'autonomie du Sahara marocain, le partenariat en matière de pêche entre le Maroc et l'Union européenne avec moi, étant donné que je suis membre de la direction nationale du Parti socialiste dirigée par notre première secrétaire Martine Aubry, mais aussi membre du Parlement européen. A travers cette visite, j'ai donc souhaité apporter mon expertise concernant le projet de régionalisation voulue par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. J'ai, d'ailleurs, déjà été reçu à ce sujet, en juin dernier, par Monsieur Omar Azziman, président de la Commission consultative sur la régionalisation. Le défi est clair. Il s'agit d'accompagner la forte croissance économique et le développement exponentiel que connaît le Maroc depuis ces dernières années par un nouveau cadre politique et juridique, par un nouvel équilibre entre le pouvoir central et les régions, les provinces et acteurs locaux et par un nouveau partenariat entre les forces vives du Royaume, économiques et sociales et les pouvoirs politiques. Qu'en est-il de l'accord de pêche Maroc-UE ? Lors de ma visite au Maroc, j'ai insisté sur la nécessité d'un accord de pêche entre l'UE et le Maroc malgré la suspicion erronée de la commissaire européenne Mme Damanaki que j'ai récemment rencontrée à ce sujet. Cet accord qui doit être renouvelé en février 2011 devra permettre une coopération renforcée avec le Maroc. Je suis en accord avec le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime sur la qualité des politiques de transformation, de rénovation et de développement engagées ces dernières années par le Maroc. La modernisation de la pêche marocaine, son développement respectueux de l'environnement, des espèces sont engagées avec beaucoup de force, de justesse. J'ai proposé à Monsieur le ministre d'être l'intermédiaire, en tant qu'Eurodéputé, avec la commissaire européenne et d'appuyer ainsi la position marocaine qui m'apparaît conforme au partenariat existant. Dans le cadre de votre visite à Laâyoune, avez-vous constaté une quelconque instabilité dans cette ville, comme le laisse souvent entendre la propagande du Polisario ? Bien évidemment que non. J'ai au contraire observé une forte mobilisation des acteurs locaux pour le développement de Laâyoune et du Sahara en général. J'ai rencontré vendredi soir des élus locaux de toutes sensibilités politiques qui m'ont confirmé que les Sahraouis n'avaient qu'un seul objectif : mettre en œuvre le statut d'autonomie pour assurer non seulement le développement économique et social du Sahara mais aussi permettre la sécurisation de la région. En rencontrant le wali de la région Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra mais aussi des responsables d'ONG et d'associations, j'ai pu me rendre compte que l'adhésion des populations locales au projet d'autonomie du Sahara marocain est réelle et porteuse d'espoir. Comment qualifiez-vous l'initiative marocaine consistant à accorder une autonomie aux provinces du Sud du Royaume? C'est une initiative très positive pour non seulement assurer le développement économique du Sahara mais aussi pour rendre effectives la cohésion sociale et la vie sociale des Sahraouis. Enfin, compte-tenu des événements que nous connaissons malheureusement dans le Sahel, notamment les enlèvements injustifiés d'êtres humains, j'estime nécessaire la sécurisation de la région par le statut d'autonomie du Sahara. Quel commentaire faites-vous de l'affaire Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud? La visite que j'ai effectuée au Maroc a été également l'occasion d'exprimer mon inquiétude à propos de la situation de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, enlevé le 22 septembre 2010 par les milices du Polisario sur son chemin pour rejoindre sa famille dans les camps de Tindouf en territoire algérien, et ce après avoir effectué un séjour familial au Maroc au cours duquel il a exprimé publiquement sa conviction que l'initiative marocaine d'autonomie présente la meilleure perspective pour résoudre le différend régional autour du Sahara marocain. J'appelle à la libération immédiate de M. Ould Sidi Mouloud. J'exprime également ma vive préoccupation quant au danger qui pèse sur son intégrité physique et sur la sécurité des membres de sa famille et de ses proches dans les camps. Certains observateurs ne cessent de mettre en garde contre une éventuelle transformation du Polisario en une organisation terroriste travaillant pour le compte de l'Aqmi. Qu'en pensez-vous? En fait, dans le cadre de la mise en œuvre du projet d'autonomie dans le Sahara marocain, il convient de donner un signe fort à tous ceux qui, apprentis-sorciers, pourraient être tentés par l'extrémisme et au-delà le terrorisme. Je reste confiant quant à la responsabilité de l'Etat algérien d'empêcher durablement des actes malveillants non conformes au respect des droits de l'Homme que le front Polisario pourrait mener comme c'est malheureusement le cas avec l'enlèvement de Ould Sidi Mouloud. Des sénateurs français en visite au Maroc Une délégation de sénateurs français a effectué, au cours du mois de septembre dernier, une visite dans les provinces du Sud du Royaume. Lors de cette visite, les membres de la délégation ont pris connaissance des efforts entrepris par le Maroc pour le développement de cette région. La délégation française était composée des sénateurs des groupes parlementaires de l'Union pour un mouvement populaire (UMP-au pouvoir), du Parti socialiste (PS-opposition de gauche), de l'Union centriste (UC) et du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE-libéral). Lors de leur escale à Laâyoune, les sénateurs français ont eu une rencontre avec le wali de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra, Mohamed Guelmous, qui leur a donné un aperçu sur le processus de développement de la province de Laâyoune. A cet égard, il a notamment mis l'accent sur les potentialités économiques de la région et les réalisations accomplies dans les différents domaines. M. Guelmous a également évoqué la question de l'intégrité territoriale du Royaume, les droits légitimes du Maroc sur le Sahara et sa souveraineté sur ses provinces du Sud, ainsi que l'initiative d'autonomie proposée par le Maroc pour résoudre définitivement le conflit artificiel créé autour de la question du Sahara. «Les membres de la délégation sont satisfaits de cette tournée au cours de laquelle on s'est enquis du processus de développement dans la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra et de Oued Eddahab-Lagouira. Cette tournée a été également l'occasion pour les membres de la délégation de réitérer le soutien de la France à l'initiative marocaine d'autonomie du Sahara qui constitue une base sérieuse pour le règlement de la question du Sahara», avait confié Christian Cambon, président de la délégation française.